Après le rapport Grunlfeld qui recommandait la mise en place, pour le cancer colorectal, des tests immunologiques à lecture automatisée, l’Académie de médecine vient à son tour de se prononcer pour le remplacement du test actuel, l’Hemmocult, conformément aux recommadations de la HAS. Alors que la ministre de la Santé,Roselyne Bachelot a décrété en mars un mois de mobilisation nationale contre le cancer colorectal, l’Académie nationale de médecine estime aussi qu’il faut accélérer le mouvement , mais qu’il est urgent de changer de test. Son rapport, publié mercredi 2 avril s’interroge en substance sur le choix de l’Hemocult, alors qu’il a montré, dans les 23 premiers départements de test (InVS 2007), un taux important de « faux positifs » (42 à 65%) entraînant des coloscopies injustifiées et une valeur prédictive positive relativement faible.
Le rapport s’étonne que le test immunologique automatisé n’ait pas encore remplacé le test HEMOCCULT* dans le déistage du cancer colo-rectal. Elle rappelle qu’elle se bat depuis 5 ans « pour qu’il bénéficie des méthodes les plus performantes, seul moyen d’obtenir une plus grande adhésion des médecins et de la population et de prévenir les formes graves du cancer colorectal dont l’incidence reste trop élevée ». Pourtant l’Hemoccult* reste encore la pierre angulaire du dépistage organisé malgré l’avis opposé d’autorités sanitaires comme la Haute Autorité de Santé (HAS) (rapport de décembre 2008) et les Académies nationales de médecine et de pharmacie (rapports 2004 et 2007).
En 2007, les Académies de Médecine et de Pharmacie recommandaient : « Dans les nouveaux départements proposés pour le dépistage organisé à partir de 2007…la méthode immunologique automatisée devrait être introduite par les autorités de santé… ». L’Institut de veille sanitaire en mars 2007 pointait déjà une faible adhésion des médecins et du public pour le protocole de dépistage proposé (33% de participation moyenne au lieu de 50% minimum attendus), le taux important de « faux positifs » (42 à 65%) entraînant des coloscopies injustifiées et la valeur prédictive positive relativement faible obtenue avec le test HEMOCCULT*. En décembre 2008, la Haute Autorité de Santé publiait un rapport intitulé « Place des tests immunologiques de recherche de sang occulte dans les selles (iFOBT) dans le programme du dépistage organisé du cancer colorectal en France ». Il mettait en évidence la meilleure sensibilité des tests immunologiques, même s’ils entraînent un nombre de coloscopies plus élevé et la nécessité d’une nouvelle organisation des dépistages. C’est probablement sur ce point qu’achoppent les autorités de santé. Le test est certes plus cher, mais « cet inconvénient devrait progressivement s’atténuer du fait des prix consentis par le fournisseur ».
La Haute Autorité de Santé a affirmé : « Pour autant, il apparaît que les données disponibles concernant le test MAGSTREAM et le test OC-SENSOR sont suffisantes pour recommander dès à présent la mise en place du processus de substitution gFOBT/ iFOBT à lecture automatisée au sein du programme organisé de dépistage du CCR en France. Les conditions optimales d’utilisation du test (choix du test, choix du seuil, choix du nombre de prélèvements) seront affinées au cours de ce processus d’une part, et à la lumière des résultats des études en cours d’autre part ». Pour sa part, l’Académie conclue : « nous espérons que ces recommandations sans équivoque seront rapidement mises en œuvre par les autorités chargées du dépistage organisé du cancer colorectal (Ministère chargé de la Santé, Institut national du cancer, Caisse nationale d’assurance maladie), comme nous l’avons recommandé à deux reprises depuis janvier 2004 ».
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