«C'EST UN MOMENT charnière pour l'hospitalisation à domicile» (HAD), estime Elisabeth Hubert, présidente de la Fédération nationale des établissements d'HAD (FNEHAD) qui s'est réunie en assemblée générale à Versailles en fin de semaine dernière. La création des agences régionales de santé (ARS), dans le futur projet de loi Santé, patients et territoires, «va obliger le sanitaire et le médico-social à s'articuler: cela est heureux», a déclaré l'ancienne ministre de la Santé à l'AG de la FNEHAD. Sa fédération est en contact aussi bien avec les établissements de santé que les professionnels libéraux (avec lesquels elle espère conclure des accords-cadres), donc, elle «a fait sauter les digues depuis longtemps», fait-elle remarquer. Par conséquent, Elisabeth Hubert pense que les délégués régionaux de la FNEHAD seraient susceptibles de jouer plus tard un rôle de «facilitateurs» auprès des directeurs des ARS, appelés à avoir une «vision transversale» du système de santé.
La réforme doit aussi donner l'occasion, selon la présidente de la FNEHAD, de réfléchir notamment au parcours des malades qui ont bénéficié chez eux d'une HAD (le plus souvent à la suite d'une hospitalisation), puis se retrouvent dans la «zone frontière» entre HAD et services de soins infirmiers à domicile (SSIAD). À défaut, Elisabeth Hubert considère que «remettre [ces malades] à l'hôpital est une erreur financièrement et humainement».
La présidente de la FNEHAD regrette que l'hospitalisation à domicile soit «encore ignorée» par les pouvoirs publics ou, du moins, «mal identifiée» et, de ce fait, assimilée à «un succédané bien cher de l'ambulatoire». L'HAD n'est pas synonyme de location de matériel médical à domicile, argue Elisabeth Hubert. Elle tient de même au caractère «généraliste et polyvalent» de l'HAD, parce qu' «on ne découpe pas un patient en raison de son âge, de son diabète ou de son cancer...». D'où son incompréhension face aux autorisations accordées par certaines ARH en faveur de places d'HAD étiquetées «gériatriques» ou «post-partum physiologique».
Cap maintenu.
L'AG de la FNEHAD a donné l'occasion à sa présidente d'interpeller le ministère de la Santé pour que sa fédération soit consultée en amont de la future loi Bachelot. «Message reçu cinq sur cinq», lui a répondu Annie Podeur, directrice de l'Hospitalisation et de l'organisation de l'offre de soins (DHOS), à l'ouverture de l'AG de la FNEHAD. Pour Annie Podeur, «l'HAD est assurément un maillon essentiel de l'organisation graduée de l'offre de soins», de même que l'hospitalisation à domicile «a toute sa place dans la réforme de l'hospitalisation en préparation». «Il nous faut maintenir le cap du développement de l'HAD», a poursuivi la directrice de la DHOS. Les soins palliatifs (dont le nombre de placeS doit atteindre 200 000 après la déclaration du président Sarkozy) et la prise en charge des cancers doivent devenir, selon elle, des vecteurs de développement de l'hospitalisation à domicile, qui «correspond aux aspirations des Français». La directrice de la DHOS a aussi demandé aux établissements d'HAD des efforts de «coordination» (avec les réseaux, les SSIAD...) et d' «efficience», sachant qu'une étude sur l'échelle nationale des coûts doit déboucher en 2010 sur d'éventuelles «modulations de tarifs».
En plein essor
L'hospitalisation à domicile, qui a fait ses premiers pas il y a cinquante ans, compte 208 établissements installés en 2008, contre 124 en 2005. Le nombre de journées d'HAD réalisées est passé de 1,5 million en 2005 à 2,38 millions en 2007, pour un montant total de 474 millions d'euros, selon les chiffres fournis par la FNEHAD.
Sur les 15 000 places en HAD promises à l'horizon 2010, de 9 000 à 9 500 sont aujourd'hui fonctionnelles.
56,3 % des patients pris en charge dans le cadre d'une HAD ont moins de 60 ans.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature