Le débat autour de la réforme et de la convention médicale
MARDI 22 MARS, le tour de France des signataires de la convention médicale fait étape à Evry (Essonne). A 21 heures, Frédéric van Roekeghem, directeur de l'Union nationale des caisses d'assurance-maladie (Uncam), le Dr Dinorino Cabrera, président du Syndicat des médecins libéraux (SML), et le Dr Pierre Lévy, secrétaire général de la Confédération des syndicats médicaux français (Csmf), prennent place face à 80 médecins. La troisième des quatre réunions organisées par la Caisse primaire d'assurance-maladie (Cpam) d'Essonne peut commencer. « Sur les 2 000 médecins du département, plus de 200 ont répondu présent », se réjouit Eveline Scheltens, directrice de la Cpam d'Evry. « Notre objectif est de défendre la convention mais aussi de répondre à toutes les questions qu'elle soulève chez les médecins », poursuit-elle.
Au bord de l'estrade, quatre téléconseillers sont prêts à intervenir à la moindre colle. « Nous sommes bien rodés maintenant », sourit Eveline Scheltens . Lors des deux premières réunions, des représentants de MG-France, syndicat opposé à la convention, ont « mis du piquant à la discussion ». Ce soir, ils sont absents ou se font très discrets. Le débat n'en est pas moins animé.
Des médecins circonspects.
Au menu : présentation du parcours de soins, des nouveaux tarifs et des objectifs de maîtrise médicalisée. Le dispositif du médecin traitant semble assimilé par les médecins. Il n'en va pas de même des majorations prévues. « A partir du 1er juillet, dans le cas d'un accès non coordonné, le médecin spécialiste de secteur I pourra pratiquer un dépassement autorisé limité à 17,5 % du tarif opposable, à la condition que 70 % de son activité globale annuelle ait été effectuée en tarifs opposables », explique une responsable de la Cpam. Sur le grand écran, l'équation rendrait jaloux Albert Einstein : « CS + MPC + DA = 32 euros au maximum. » Les réactions ne se font pas attendre. « Ça commence à devenir chaud, tu as ta calculette ? », ironise un médecin.
Frédéric van Roekeghem tente d'éclaircir le message : « Avec un déficit de l'assurance-maladie de 13 milliards d'euros à la fin 2004, une réorganisation de notre système de soins était indispensable. Comme toute nouveauté, ces majorations peuvent sembler complexes, mais elles reposent sur des idées simples. »
Le Dr Dinorino Cabrera reconnaît également « la complexité monumentale du système, en apparence. Vous y verrez plus clair en juillet quand toutes les majorations seront rentrées en vigueur ». Le président du SML souligne que l'accord du 12 janvier n'est qu'une « première étape » : « La valeur du C n'est pas à hauteur de ce qu'elle devrait être mais nous avons tout de même obtenu une enveloppe de plus de 300 millions d'euros pour les forfaits ALD et des majorations comme la MNO (de 5 euros pour les nourrissons de 0 à 24 mois) pour les généralistes. On ne peut pas tout régler en une convention. »
Il souhaite surtout rassurer les omnipraticiens : « Les généralistes se sont payés une campagne de communication de plusieurs millions d'euros. Dans un, deux ou trois ans, ils auront aussi le droit de faire des dépassements, c'est une évidence. »
Dans la salle, un médecin généraliste s'exclame : « Je suis médecin traitant depuis vingt-trois ans, je ne vois pas comment je vais pouvoir me responsabiliser davantage. »
La transition est toute trouvée pour présenter des engagements de maîtrise médicalisée. Sur plusieurs tableaux défilent les cinq postes pour lesquels les médecins libéraux devront réaliser 998 millions d'euros d'économie en 2005 : antibiotiques, anxiolytiques, arrêts de travail, statines, respect de la réglementation concernant le remboursement des soins aux personnes en affection de longue durée (ALD).
« Si ça ne marche pas, vous saurez régler des comptes ».
Avant de clore la réunion, les signataires rappellent les enjeux de la réforme. « Cette convention est un pari. Je suis sûr qu'il sera gagné dès la première année avec l'emballement médiatique, affirme Dinorino Cabrera. Les élections aux Unions régionales des médecins libéraux (Urml) ont lieu dans un an et demi. Si nous nous sommes plantés, vous saurez régler des comptes. » Frédéric van Roekeghem confirme l'importance de l'engagement des médecins : « Nous avons fait le choix de la maîtrise médicalisée. Malgré des moyens extrêmement limités, nous avons investi 500 millions d'euros pour revaloriser les honoraires des médecins dès cette année. Cet effort ne pourra être poursuivi que si notre démarche aboutit à des économies. »
Minuit. Les discussions se poursuivent autour du buffet.
« La réunion a été très instructive mais on n'a parlé que de chiffres et assez peu de l'exercice finalement, regrette un généraliste. Je me suis demandé si je n'étais pas devenu comptable. »
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