«Dès l’instant où nous avons modélisé et écrit la discipline, commencé à réfléchir sur la pertinence de nos soins et avons des spécialistes et des chercheurs en médecine générale, on ne se pose plus la question de savoir si nous sommes en droit de valider ou pas les propositions faites par des confrères spécialistes d’organes. Nous participons aux recommandations, nous les commentons, voire produisons les nôtres », affirme le Pr Pierre-Louis Druais, président du Collège de la médecine générale (CMG).De fait, le Collège aura en 2017 largement collaboré aux guidelines de la HAS. « Nous avons mis au sein du Collège un correspondant à disposition de la Haute autorité pour répondre à leurs demandes scientifiques ou en ressources humaines », explique le Pr Druais. Du reste, tant pour les recommandations dyslipidémies, Helicobacter pylori que pour celles sur la prise en charge de la dépression, le Collège a été partie prenante. Avec l’Inca, même combat : un travail est en cours sur le parcours de soins et de suivi du patient cancéreux. Quand Santé publique France a dressé un état des lieux de la vaccination en France au début de l’automne, le Collège a été invité à faire le point sur le bilan des mesures perçues comme utiles par les médecins généralistes pour améliorer leurs pratiques.
Et lorsque l’Assurance maladie a élaboré sa campagne d’information sur la lombalgie et sa prévention, dont le slogan « Mal de dos ? Le bon traitement, c'est le mouvement » s’affiche partout dans les rues et sur nos écrans, le Collège était en première ligne pour son expertise puisque cette pathologie représente le deuxième motif de consultation en médecine générale.
Des avis en lien avec l’actualité
Y compris au cœur de la polémique sur les dangers du valproate de sodium chez la femme enceinte, le Collège a élaboré en partenariat avec l’ANSM un fascicule “Médicaments et grossesse” susceptible d’aider les médecins dans leurs prescriptions et de mieux peser le rapport bénéfice/risques de leurs lignes de traitement.
Et lorsque l’affaire Levothyrox@ a pris un tournant médiatique d’importance, « nous recommandions aux médecins traitants de garder le cap et de se fier à la clinique et pas uniquement à la TSH », raconte le Pr Druais.
Des réponses parfois iconoclastes
Pourtant, quand pédiatres, infectiologues, immunologistes ou gynécologues prenaient fait et cause pour l’obligation vaccinale, les sociétés savantes de médecine générale sont sorties du lot. Elles ont rappelé la nécessité d’une pédagogie auprès du patient et d’une démarche « centrée patient » au risque d’augmenter les résistances à la vaccination. À cet égard, le conseil scientifique du Collège national des généralistes enseignants a émis l’avis le plus tranché sur la question en juin dernier. Tout « en affirmant son attachement aux enjeux qu’est la prévention vaccinale », le CNGE craint qu’une posture d’autorité ne « consolide le climat de méfiance et favorise l’hésitation vaccinale, renforcée par la pénurie de certaines spécialités vaccinales » et a évoqué le fait qu’il « n’existait aucun élément scientifique pour attester que cette mesure aboutisse à une meilleure protection, notamment pour les enfants ».
Idem en juin, quand après la publication des recommandations très attendues de la HAS sur la dyslipidémie, le comité scientifique du CNGE a notamment contesté dans un communiqué l’approche basée sur le respect de seuils et des cibles de LDL au motif qu’elle n’a « jamais été testée ni validée dans un essai clinique randomisé ». Au CNGE de demander aux autorités « les moyens pour mettre en œuvre la validation d’une équation française de calcul de RCV adaptée aux patients de plus de 65 ans et calculant le risque en morbimortalité, ce que ne permet pas l’équation SCORE ».
Dépistage et sur-diagnostic
Alors qu'en 2016 déjà, ce Collège s’était montré critique sur les chiffres annoncés du bénéfice du dépistage du cancer du sein, il a pris les devants. En amont de la mise en place du dépistage du cancer du col de l’utérus prévue pour début 2018, il met en garde contre le risque de sur-dépistage et de sur-traitement de « lésions parfois spontanément régressives » tout en approuvant la mise en place du dépistage organisé. « On sait bien que le dépistage du cancer du col fonctionne et évite des décès, commente le Pr Druais. Mais le risque est effectivement d’être invasif. Il faut prendre garde à la pulsion de soigner trop vite ! »
Recommandations, recherche...
L’expertise de la médecine générale enfin reconnue
Publié le 15/12/2017
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Jamais autant de publications conjointes avec les autorités et agences sanitaires, de recommandations en propre et d’avis scientifiques n’auront été éditées par les sociétés savantes de médecine générale que cette année. Entre recos commentées et avis parfois iconoclastes sur les politiques de santé, la médecine générale fait feu de tout bois.
Dr Linda Sitruk
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Source : lequotidiendumedecin.fr
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