LE TEMPS DE LA MEDECINE
Indubitablement, l'utilisation d'animaux à des fins expérimentales dérange. La preuve en est que la plupart des instituts de recherche français préfèrent rester discrets quant à leurs activités et leur politique en matière d'expérimentation animale. Pourtant, rien de ce qui se passe dans les animaleries de ces laboratoires n'est secret ou laissé au hasard : pour des raisons morales et éthiques, tout est réglementé.
L'esprit de la législation française se fonde sur le fait que l'animal est défini comme « un être sensible, capable de souffrir et de se souvenir et qui doit être respecté ». Avant que la moindre expérience ne soit mise en uvre, l'établissement dans lequel elle aura lieu et les expérimentateurs devront donc avoir reçu un agrément. Le choix du modèle animal et le protocole expérimental lui-même devront avoir été validés.
En France, une autorisation d'expérimentation sur l'animal ne sera délivrée que si aucune autre technique ne permet d'obtenir le résultat recherché. De plus, le but de l'expérience doit exclusivement concerner : la mise au point d'une méthode diagnostique, préventive ou thérapeutique pour une pathologie ; l'efficacité et la toxicité de médicaments ou d'autres substances chimiques ou biologiques ; l'évaluation de paramètres physiologique ; ou encore, le contrôle de la qualité de denrées alimentaires. Les domaines dans lesquels l'autorisation d'expérimenter sur des animaux peut être délivrée sont la recherche fondamentale et appliquée, l'enseignement supérieur et technique et la protection de l'environnement.
Les établissements autorisés à expérimenter sur l'animal sont agréés par le ministère de l'Agriculture et leur ministère de tutelle. L'agrément précise les domaines d'activité, les espèces animales utilisées et les protocoles mis en oeuvre. Il n'est délivré que si la qualité des locaux est conforme à la réglementation et si le personnel affecté aux expériences et aux soins des animaux a été formé.
Au cours de cette formation, chercheurs, techniciens et étudiants sont sensibilisés aux problèmes éthiques posés par l'expérimentation animale. Les méthodes alternatives existantes, souvent méconnues, leurs sont présentées. Les notions de base sur les animaux (comportement, anatomies, besoins, pathologie, techniques d'intervention...) leur sont enseignées.
A l'issue de cette formation, les futurs expérimentateurs peuvent demander une autorisation d'expérimenter à la direction des services vétérinaires de leur département. Cette autorisation est nécessaire à la manipulation de vertébrés, poissons, batraciens et reptiles compris. Elle est nominative et valable cinq ans. Elle n'est délivrée que pour un type d'expérience, réalisé dans un établissement agréé défini. Si l'étude évolue ou se poursuit au-delà de cinq années, l'expérimentateur doit faire une nouvelle demande.
En outre, et même si cette démarche reste aujourd'hui facultative, l'avis d'un comité d'éthique peut être demandé avant la mise en route d'une série d'expériences.
Un protocole réglementé
Pour obtenir l'autorisation d'expérimenter et l'accord d'un comité d'éthique, les chercheurs doivent présenter le protocole expérimental qu'il compte mettre en uvre. Ce protocole expérimental doit répondre à des règles strictes : aucune méthode se substituant à l'utilisation d'animaux vivants ne doit pouvoir répondre à la question posée par les expérimentateurs. L'espèce animale choisie doit être celle qui correspond le mieux aux expériences envisagées. Ces expériences doivent être planifiées de manière à réduire au minimum le nombre d'animaux utilisés. Les sources d'inconfort, de douleurs et de stress pour les animaux doivent être éliminées ou réduites au minimum. Pour les études sur la douleur, seuls des tests se fondant sur un comportement d'évitement sont autorisés.
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