En Italie, au XVIe siècle, les étudiants en médecine travaillaient sur des études anatomiques du cheval puis du chien. A l'heure de la révolution génétique, la contribution du modèle animal a conservé toute son actualité avec les xénogreffes et le recours aux techniques de transgenèse appliquée aux animaux de laboratoire.
Dans ce contexte, le Comité national d'évaluation de la recherche (CNER) a choisi comme thème de son rapport l'analyse des conditions opératoires de la recherche et de l'expérimentation animales et ses effets dans le domaines de la santé de l'homme, du triple point de vue de l'amélioration du diagnostic, du traitement et de la prévention des maladies humaines.
« Les implications de l'enquête du CNER en matière de politique et de stratégie scientifiques, sur les deux fronts que constituent l'expérimentation animale et la maîtrise des risques sanitaires d'origine animale, le conduisent à formuler à l'intention des établissements de recherches concernés et des autorités gouvernementales une série d'avis et de recommandations », précise Jean Dercourt, président du CNER et secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences.
De fait, le rapport porte sur deux aspects : une réflexion sur le modèle animal et la maîtrise des risques sanitaires dans les recherches sur l'animal.
Depuis l'adoption, en 1986, par l'Union européenne, d'une directive sur la protection des animaux vertébrés utilisés à des fins expérimentales et les actions d'associations de protection animale, des méthodes d'expérimentations alternatives ou substitutives se sont développées. Fort de cette prise de conscience éthique, qu'il encourage, le CNER recommande néanmoins de réaffirmer la valeur du préacquis animal dans toutes les applications thérapeutiques chez l'homme ainsi que l'utilité de la poursuite des recherches sur les xénogreffes.
Cet avis s'accompagne d'un encouragement à fournir un effort particulier sur la recherche visant l'étude des techniques rapides de diagnostic des maladies infectieuses chez l'animal et l'homme. Le CNER souhaite également favoriser le développement d'un conservatoire du patrimoine génétique animal, performant au plan national et centre référent au niveau européen, formaliser la traçabilité des animaux transgéniques et veiller à l'indépendance de la France en matière d'élevage de primates.
180 maladies transmissibles
Le second volet du rapport concerne la maîtrise des risques sanitaires auxquels les animaux et les produits d'origine animale exposent la santé humaine. « Il existe 180 maladies animales transmissibles à l'homme. L'animal est un indicateur de risque pour l'homme à partir du moment où il émet des anticorps avant même d'être sensible à une maladie », souligne le Pr Charles Pilet, ancien président de l'Académie de médecine, directeur honoraire de l'Ecole nationale vétérinaire de Maisons-Alfort et membre du CNER.
Le CNER recommande de renforcer la veille sanitaire sur ces zoonoses émergentes en accordant une attention particulière aux virus hébergés par les animaux en raison de leur puissance de plasticité et de recombinaison. « Il faut que dans les facultés de pharmacie et de médecine on enseigne à nouveau la pathologie comparée, qui est tombée en désuétude, ainsi que les zoonoses », plaide Charles Pilet. Les récentes crises alimentaires, dont l'encéphalopathie spongiforme bovine, en ont démontré l'urgence. La publication de ce rapport sera suivie dans les prochaines semaines de prises de contact avec les ministères concernés.
* « Recherche sur l'animal et santé de l'homme », La Documentation française, 12 euros.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature