Charles Darwin, en 1859, faisait de l'aptitude physique le moteur de l'évolution dans la lutte pour la survie des espèces. « Maintenant, cent cinquante ans plus tard, à l'heure de la médecine fondée sur les preuves obtenues et sur une méthode scientifique rigoureuse, les données en faveur de cette hypothèse s'accumulent. » Ainsi, « depuis quinze ans, les études épidémiologiques démontrent une relation solide et univoque entre l'activité physique, la réduction de la mortalité et la diminution du risque cardiovasculaire ». C'est ainsi que Gary Balady, éditorialiste du « New England Journal of Medicine », présente l'étude de Jonathan Myers et coll. sur la valeur pronostique de l'aptitude à l'exercice physique maximal chez des patients devant subir une épreuve d'effort (tapis roulant) pour des raisons cliniques.
Par rapport à toutes les études antérieures réalisées pour la plupart chez des personnes en bonne santé, celle-ci présente la particularité d'avoir inclus des patients pour qui les données cliniques étaient disponibles.
Les auteurs ont ainsi pu comparer deux groupes de patients : ceux qui avaient un test normal et aucun antécédent cardiovasculaire (n = 2534) et ceux (n = 3679) qui avaient un test anormal (apparition d'une douleur angineuse ou d'un sous-décalage du segment ST) et/ou un antécédent cardiovasculaire (angor, infarctus ou troubles vasculaires périphériques).
Aucun incident notable, sauf des troubles modérés du rythme ventriculaire pour 1,1 % des patients (3 extra-systoles consécutives ou plus), n'a été observé pendant le test. En plus de l'âge, du poids et de la taille, la fréquence cardiaque, la pression artérielle systolique et diastolique ont été enregistrées, pour chaque patient, au repos et lors de l'exercice. La capacité maximale d'effort a été estimée en fonction de la dépense métabolique (MET), calculée à partir de la pente et de la vitesse.
Une survie améliorée de 12 %
L'objectif était d'évaluer la mortalité, toutes causes confondues, au cours d'une période de suivi qui a duré en moyenne six ans, soit 1 258 décès (2,6 % par an en moyenne).
Le résultat essentiel de l'analyse est d'avoir démontré la haute valeur pronostique de l'aptitude maximale à l'exercice physique, supérieure à tous les autres facteurs de risque : hypertension, diabète, consommation de tabac, sous-décalage de ST, fréquence cardiaque maximale, apparition d'une arythmie lors du test d'effort.
De plus, l'exercice physique a un rôle protecteur, même en présence de ces autres facteurs : dans le groupe qui avait un test anormal, le risque de décès chez les sujets ayant une capacité maximale inférieure à 5 MET était plus du double de celui des patients ayant atteints 8 MET.
Plus intéressant, les auteurs ont mis en évidence une relation linéaire entre l'élévation de la capacité physique et la diminution du risque de mortalité : une augmentation de 1 MET améliore la survie de 12 %.
Ils ont aussi démontré que, dans les deux groupes, la capacité absolue obtenue au cours du test d'effort a une valeur prédictive également supérieure que la capacité relative à l'âge. En effet, on sait que la capacité d'effort maximal diminue de 10 % tous les dix ans après 30 ans.
Ainsi, l'exercice physique doit être recommandé à toute personne ayant ou non des facteurs de risque cardio-vasculaire. A quel rythme et avec quel intensité ? L'étude ne le dit pas.
« New England Journal of Medicine », vol. 346, n° 11, pp. 793-801 et 852-853.
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