COMME LE souligne le Pr Daniel Vervloet, « le Québec ouvre la voie de ce qu'il faut faire, avec une démarche de soins globale où l'éducation est intégrée, où des éducateurs sont spécifiquement dédiés, où, à travers des réseaux, les médecins traitants sont impliqués, où les plans d'action personnalisés sont intégrés dans la prescription thérapeutique ».
En France, on estime à 3,5 millions le nombre d'asthmatiques. La progression de la maladie est frappante : sa prévalence chez l'enfant et l'adolescent aurait augmenté de 50 % en vingt ans. Dans notre pays, un enfant sur dix et de 5 à 7 % des adultes sont concernés. Mais l'asthme reste encore très sous-estimé : un patient sur deux ne serait pas diagnostiqué. Même les sujets qui se savent asthmatiques ne sont pas toujours traités, loin s'en faut. Selon les estimations, un malade sur deux ne bénéficie pas d'un traitement adapté. Conséquences : un recours fréquent aux urgences et surtout une mortalité aujourd'hui inacceptable puisque l'on dispose de médicaments efficaces. On déplore, en effet, dans notre pays 2 000 décès annuels par l'asthme.
Améliorer le diagnostic et contrôler la maladie.
D'où l'intérêt d'insister encore et toujours auprès du corps médical et auprès du public pour améliorer le diagnostic et contrôler la maladie. On parle en effet aujourd'hui de « contrôle » et non plus de « traitement des crises ». Le concept de sévérité passe au second plan, d'autant que des sujets souffrant d'un asthme considéré comme « léger » peuvent faire des crises graves. Il s'agit justement d'adapter le traitement de fond pour éviter la survenue de crise. C'est sur ce point qu'insistent d'ailleurs les dernières recommandations de l'Anaes et de l'Afssaps publiées en septembre 2004. Une étude menée sur 3 772 asthmatiques reçus aux urgences hospitalières a montré qu'au moins 42 % n'étaient pas contrôlés et que la moitié seulement des patients ayant consulté un médecin pour aggravation de leur asthme avaient une prescription comprenant des corticoïdes inhalés en traitement de fond. Une autre étude, ER'Asthme, donne des résultats encore plus inquiétants : sur les 16 580 asthmatiques de plus de 6 ans inclus, seuls 21 % avaient un asthme contrôlé alors que 53 % déclaraient spontanément que leur asthme allait bien ou parfaitement bien, ce qui montre bien la discordance entre la perception du malade et la réalité de sa maladie. Pourtant, l'asthme peut aujourd'hui être bien contrôlé dans la grande majorité des cas par un traitement de fond axé sur une corticothérapie inhalée associée si besoin à un bronchodilatateur inhalé. Les associations fixes constituent à cet égard un progrès notable en facilitant l'observance et en permettant une diminution des doses de corticoïdes, comme l'a montré l'étude Goal.
L'éducation du patient.
Mais le contrôle de la maladie passe aussi - et surtout - par l'éducation du patient. Face à la « résignation » des patients et à leur mauvaise perception des symptômes, il revient donc au médecin de mieux évaluer la maladie et de prendre le temps d'expliquer ses mécanismes, les objectifs du traitement et la nécessité du contrôle de l'environnement. C'est ce que propose de façon très structurée le réseau « asthme »* mis en place au Québec. Il s'agit d'un organisme à but non lucratif autonome et indépendant du ministère de la Santé ayant un financement à la fois public et privé. Il a contribué à la mise en place de plus de 100 centres d'enseignement à travers la province ; 25 000 patients asthmatiques ont bénéficié d'une formation prodiguée par l'un des quelques 4 000 professionnels de santé (infirmiers, kinésithérapeutes, pharmaciens...), eux-mêmes spécifiquement formés selon un consensus canadien sur l'asthme et devenus éducateurs spécialisés. De plus, le programme Priisme, initiative privée de l'industrie pharmaceutique menée en collaboration avec les centres d'enseignement, est principalement destiné à la formation des généralistes.
En France, aussi, l'éducation des patients est considérée comme une priorité et les écoles de l'asthme apportent une aide précieuse au médecin et à son malade. Il en existe actuellement une centaine réparties sur l'ensemble du territoire (un chiffre comparable à celui du Québec, mais pour une population presque dix fois supérieure...), mais le recours à ces centres reste insuffisant et ce sont trop souvent les patients déjà bien informés qui en bénéficient et non ceux mal équilibrés et non observants...
Club Santé organisé avec le parrainage de la Société de pneumologie de langue française, l'association Asthme et allergies, le Comité national de lutte contre les maladies respiratoires, l'Association des pneumologues du Québec, le Réseau québécois de l'asthme et de la Mpoc, l'Association pulmonaire du Québec, le Fonds de recherche et de santé du Québec, avec le soutien du Laboratoire GlaxoSmithKline.
* Rqam : réseau québécois Asthme et Mpoc(Bpco).
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