T ONY BLAIR a décidé de procéder à des élections anticipées qui auront lieu le 7 juin. Le chef du gouvernement britannique a attendu, pour se livrer à cet exercice politique fréquent dans son pays, de passer le cap de la crise due à l'épizootie de fièvre aphteuse qui, semble-t-il, est maintenant jugulée.
Il brûlait d'annoncer ce retour aux urnes. La période actuelle est en effet très favorable aux travaillistes qui, selon les sondages, devanceraient les Tories d'une vingtaine de points. M. Blair est donc à peu près sûr, grâce au scrutin majoritaire, de disposer d'une majorité absolue.
On constate donc qu'il n'est pas usé par le pouvoir ; et qu'il a été épargné par deux fléaux, l'ESB et la fièvre aphteuse, qui, pour avoir dévasté l'élevage et la filière bovine, n'ont eu qu'un impact limité sur la croissance britannique.
De sorte que M. Blair, malgré l'héritage laissé par les conservateurs, par exemple des trains qui déraillent et font des victimes, est resté très populaire.
N'allez pas chercher trop loin : il y a un chiffre qui dit tout sur la gestion du Royaume-Uni par le Labour : 3,3 %. C'est le taux de chômage. Voilà donc une situation de plein emploi, dans un pays qui a sa part d'infortunes, compte énormément d'immigrés du Commonwealth et dont les paramètres généraux sont assez comparables à ceux de la France. Notre chômage a certes diminué, mais il demeure presque trois fois plus élevé qu'en Grande-Bretagne, pays gouverné par des socialistes au même titre que la France. Cherchez la différence.
Grand ami de Bill Clinton, Tony Blair a choisi d'emblée une forme de gestion qui laisse une place plus grande qu'en France aux forces du marché ; il a réduit la pression fiscale ; et le pourcentage des charges sociales sur les salaires versées par les entreprises n'y est que de 10 %, alors qu'il est de 50 % en France.
Le gouvernement de M. Jospin ne manquera pas de rappeler que les Français ne voudraient pas de ce système, où les retraites sont insuffisantes, où l'accès aux soins est difficile, parfois impossible, où la protection sociale en général est moins généreuse. Il sera entendu par tous ceux qui ont un emploi, mais il ne satisfera pas les deux millions de Français encore sans emploi et dont beaucoup ne retrouveront jamais un travail. 3,3 % nous semble traduire une bonne recette sociale. Qu'est-ce qui fait que nous méprisions les succès des autres ?
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