Mécanisme naturel de défense, conservé au cours de l’évolution, le dégoût est utile pour le maintien de l’intégrité et la protection de l’organisme contre une contamination externe. Différentes parties du corps suscitent un dégoût. La bouche et le vagin sont parmi celles qui suscitent le plus cette réaction, sans doute en raison de la perception d’un risque de contamination. La salive, la sueur, le sperme et les odeurs corporelles font partie des grands déclencheurs d’un dégoût.
De ce fait, l’acte sexuel pourrait être perçu comme pénible. Mais il n’en est rien évidemment, sinon l’espèce humaine se serait éteinte.
Des résultats publiés par une équipe néerlandaise suggèrent que l’excitation sexuelle réduirait de manière temporaire la perception du dégoût, ce qui permet à l’acte sexuel de se dérouler normalement.
Charmaine Borg et Peter de Jong ont fait participer 90 femmes à leur étude. On leur a projeté des films érotiques pour susciter une excitation sexuelle. On leur a présenté des tâches dégoûtantes à accomplir : boire un jus de fruit où nage une grosse mouche, utiliser un mouchoir usagé, aller jeter du papier toilette usagé, tenir un os d’un animal, se frotter la joue avec une brosse à dents qui a servi, mordre un biscuit posé contre un ver. Bien sûr, dans la réalité, la mouche et le ver étaient en plastique, le mouchoir non usagé mais coloré à l’encre, tout comme le papier toilette, etc.
Les tâches ont été cotées par les participantes selon une grille de lecture validée (DPSS-R). Et on a enregistré leurs réactions de dégoût. Les résultats montrent que les tâches ont été cotées comme significativement moins dégoûtantes dans le groupe où les femmes étaient en état d’excitation sexuelle, comparativement à un autre groupe non excité. Les femmes en état d’excitation sexuelle ont également manifesté moins de comportements d’évitement.
Ce qui suggère bien sûr que l’état d’excitation exerce un effet sur la réponse au dégoût des femmes. « Cette démonstration, s’appuyant sur des mesures objectives, va au-delà d’un rapport subjectif », commentent les auteurs. D’une part, cela peut expliquer pourquoi les humains continuent à s’engager dans une activité sexuelle avec plaisir. Et d’autre part, cela suggère qu’une faible excitation sexuelle, assortie du maintien des frontières du dégoût, pourrait être un élément clef dans certaines dysfonctions sexuelles.
PLOS ONE, septembre 2012, vol. 7, n° 9, e44111.
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