Les acteurs de l'hospitalisation d'Ile-de-France montent au créneau pour demander l'arrêt du système de péréquation inter-régionale de l'enveloppe hospitalière, inventé en 1996 par le plan Juppé dans le but de rééquilibrer l'allocation des ressources entre régions dites « sur-dotées » et régions dites « sous-dotées » (1).
Lasses de se serrer la ceinture pour permettre à d'autres de respirer, l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), l'Union hospitalière régionale d'Ile-de-France (UHRIF), les sections régionales de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP), de la Fédération de l'hospitalisation privée à but non lucratif (FEHAP) et de l'Union régionale de l'hospitalisation privée (URIOPSS) sortent la grosse artillerie. Et d'abord celle des chiffres. « Entre 1997 et 2002, expliquent-ils, l'ONDAM hospitalier (Objectif national des dépenses d'assurance-maladie) a augmenté de 13,02 % alors que la dotation régionale d'Ile-de-France n'a progressé que de 6,41 %. » Ponctionnés « d'environ 600 millions d'euros » en six ans, les hôpitaux et les cliniques de la région parisienne font leurs calculs : ces 600 millions sont « l'équivalent de la suppression chaque année de l'hôpital Trousseau, de l'hôpital Saint-Joseph ou des hôpitaux de Saint-Denis ». Ils correspondent aussi « au financement sur la période de 15 000 emplois hospitaliers ».
Tant de pierres et d'emplois virtuellement sortis des frontières franciliennes ont coûté cher à la région capitale : « Cette contrainte n'a pu être supportée qu'au prix d'une lourde restructuration (fermeture de près d'un quart des cliniques, suppression de 5 000 lits de chirurgie...) », expliquent les protestataires. Et les établissements sont à bout de souffle, soumis à « des tensions sociales très vives » et dans l'impossibilité d'appliquer les politiques définies par l'Etat : « L'Ile-de-France est la seule région française qui n'a pu financer significativement les priorités 2002 en santé publique que sont la néonatalogie, la cardiologie ou la cancérologie. »
Au terme de cinq années de régime redistributif, hôpitaux et cliniques estiment qu'ils sont allés au bout de leur effort. Aujourd'hui, l'écart entre les dépenses de l'Ile-de-France et celles des autres régions est de 10 %, hors AP-HP (il était de 19 % en 1996). Avec ce chiffre, les établissements de Paris et de sa région jugent que l'objectif de départ « est atteint ». Car, structurellement, « les contraintes particulières qui pèsent sur l'Ile-de-France » (plus fort recours à l'hospitalisation qu'ailleurs, pathologies traitées plus lourdes, spécificités de la population liées à l'isolement, la précarité..., surcoûts du personnel, de l'environnement et de l'immobilier) ne permettront jamais, affirment les intéressés, un alignement de ses coûts sanitaires sur ceux du reste de la France.
(1) Le coût de l'activité, basé sur les points ISA (indices synthétiques d'activité), et la dépense hospitalière par habitant départagent les régions.
A lire également :
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