A PARTIR d'un panel de médecins libéraux du Système national inter-régimes (Snir) géré par la Cnamts, le Centre de recherche, d'étude et de documentation en économie de la santé (Credes), publie aujourd'hui une étude sur « l'évolution de la carrière libérale des médecins généralistes selon leur date d'installation ». Premier enseignement de cette étude, consultable en ligne sur le site du Credes (www.credes.fr), les jeunes médecins généralistes s'installent plus tard que leurs aînés : 35 ans en 2001, contre 34 ans dans les années 90 et 31 ans dans les années 80.
L'étude met également en lumière un écart de plus en plus grand entre l'année de thèse et l'année d'installation : au début des années 80, un omnipraticien s'installait en cabinet en moyenne 1,6 an après sa thèse, une durée moyenne qui est passée à 3,7 ans au début des années 2000.
Une carrière de trente et un an.
La durée moyenne de la carrière d'un omnipraticien est estimée par le Credes à trente et un ans, une moyenne qui cache un certain nombre de disparités : elle est valable pour les omnipraticiens ayant cessé leur activité après 55 ans ; mais, si l'on prend en compte tous les omnipraticiens ayant cessé leur activité entre 1979 et 2001, la durée moyenne de l'exercice tombe à vingt-deux ans. Sans compter que pour ce qui concerne les omnipraticiens installés entre 1980 et 1984, 20 % d'entre eux ont cessé leur activité libérale avant leur 19e année d'exercice, et 10 % au bout de seulement huit années de carrière.
L'étude fait ressortir que l'activité démarre d'autant plus fort que les médecins se sont installés récemment.
Ainsi, il fallait trois années aux omnipraticiens de secteur I de sexe masculin, installés entre 1980 et 1984, pour atteindre le seuil de 4 000 actes par an, alors qu'il est atteint dès la deuxième année pour les omnipraticiens installés après 1990.
La féminisation de la profession est abordée à travers le niveau d'activité. L'enquête montre que les omnipraticiennes ont une activité moyenne sensiblement inférieure à celle des hommes, même si cette différence s'atténue au fil des ans : pour les femmes installées entre 1980 et 1984, l'activité moyenne représentait 66 % de celle de leurs confrères masculins en début de carrière, 71 % au bout de douze années d'exercice, et 79 % après vingt-deux ans d'exercice.
Enfin, il apparaît nettement que les jeunes omnipraticiens de secteur I font moins de visites que leur confrères plus âgés. Sans doute faut-il voir là la conséquence des nombreuses campagnes menées tant par l'assurance-maladie que par les organisations médicales et tendant à souligner le grand nombre de visites en France, et donc la nécessité de les limiter. De plus, même si l'accord de bon usage de soins (AcBus) sur la réforme de la visite ne date que de 2002, il semble avoir eu rapidement une influence sur le comportement d'un certain nombre de praticiens.
Selon le Credes, plus le médecin est âgé, plus le pourcentage de visites par rapport à son activité totale tend à baisser, sûrement mais lentement, au cours des années. A titre d'exemple, les médecins installés entre 1980 et 1984 effectuent encore 25 % de visites au bout de vingt ans d'exercice, alors que les médecins installés entre 1995 et 1999 sont déjà sous le palier des 20 % de visites au bout de sept années d'exercice. De plus, à activité égale, les femmes médecins ont toujours tendance à effectuer moins de visites que leurs confrères masculins.
En conclusion, les auteurs de l'enquête veulent affiner leurs résultats, par des enquêtes complémentaires, « en apportant des éléments de réponse aux questions suivantes : pourquoi les médecins commencent-ils leur activité plus tard ? Font-ils plus de remplacements avant de s'installer ? Pratiquent-ils plus longtemps à l'hôpital ? Que font-ils lorsqu'ils cessent leur activité en tant que généraliste libéral ? Combien se dirigent vers la médecine salariée ou se reconvertissent ? Les résultats de cette étude tendent en effet à montrer que la carrière du médecin se limite de moins en moins au seul exercice libéral ».
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