Attention chef-d’œuvre ! Il faut parfois oublier ses préjugés. Un film muet, en noir et blanc n’est pas par nature réservé aux seuls cinéphiles et autres historiens du cinéma. Et peut se révéler un pur objet de plaisir, à condition qu’il soit signé par un maître comme Ernst Lubitsch. Cet éventail tiré d’une pièce d’Oscar Wilde est en effet d’une stupéfiante modernité. En racontant comment une mère déclassée espère opérer un retour au sein de la High Society anglaise à la suite du mariage heureux de sa fille, il observe les rapports mère-fille, homme-femme, dominants-dominés comme s’il avait lu toute la littérature sociologique ou analytique d’aujourd’hui et y avait instillé en plus sa « Lubitsch touch ». En se passant des mots d’Oscar Wilde, il fait preuve d’une magistrale maîtrise de la grammaire du cinéma. Et dénonce sans jamais « hausser le ton », l’hypocrisie des rapports sociaux ou la vulgarité qui n’est pas là où l’on croit la trouver. On ne dira donc rien de la pirouette finale, magistral pied-de-nez à tous les bien pensants. Cet éventail, résultat d’un vrai travail d’artisan, va faire de l’ombre à toutes ces pseudo-comédies d’aujourd’hui. Un chef-d’œuvre à (re)découvrir.
À signaler la rétrospective Lubitsch jusqu’au 10 octobre à la Cinémathèque française (Paris).
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