La cognition est organisée en différents grands systèmes anatomiques et fonctionnels, relativement indépendants les uns des autres. On distingue les systèmes primaires (vision, audition et motricité) des systèmes supérieurs. Il existe, par exemple, un grand système important pour la compréhension et la production du langage. Une lésion provoquera une altération du langage, ou aphasie. En pratique courante, outre le langage, les grands systèmes concernent la mémoire à court et à long terme et le raisonnement. Dans la mémoire à long terme, on distingue celle des connaissances sur le monde, ou mémoire sémantique, et la mémoire autobiographique, constituée d'épisodes de vie, ou mémoire épisodique. Les spécialistes distinguent par ailleurs de nombreux systèmes et sous-systèmes complémentaires.
Des troubles fréquemment rapportés.
Les systèmes cognitifs dépendent de régions cérébrales assez précises. Cela permet de se faire une idée sur les régions cérébrales altérées en cas de déficience de l'une ou l'autre de ces fonctions cognitives. De plus, chaque maladie neurodégénérative présente un tableau spécifique d'altération cérébrale et, par conséquent, cognitive. Il est donc tout à fait possible de poser un diagnostic sur la base du profil d'altération cognitive. Cette altération, telle que rapportée spontanément par le patient ou son entourage, est en fait très souvent le premier signe d'alerte d'un processus dégénératif. C'est pourquoi la vigilance s'impose lors d'un entretien clinique avec une personne âgée.
Bien que les troubles de la mémoire fassent fréquemment l'objet de plaintes, celles-ci peuvent également concerner d'autres dimensions, comme le comportement, par exemple une désinhibition ou une apathie, les praxies, par exemple des anomalies dans la réalisation de certains gestes, la perception visuelle, comme des difficultés à lire non résolues par une visite chez l'ophtalmologue, ou l'élocution, avec perte du sens de certains mots.
Des outils simples.
L'intégrité des différents systèmes cognitifs s'évalue de manière formelle dans des centres spécialisés à l'aide de tests neuropsychologiques spécifiques pour lesquels la performance normale de la population générale est disponible. Néanmoins, pour l'omnipraticien, il est facile d'utiliser quelques outils simples permettant le dépistage. Nombre de ces outils sont disponibles, standardisés, faciles et rapides à administrer. Cependant, la plupart nécessitent une courte formation afin de les utiliser de manière optimale. Une stratégie consiste à développer soi-même une courte batterie. Ainsi, l'exploration de la mémoire à court terme est possible en faisant répéter à haute voix par ordre croissant une série de chiffres présentés dans le désordre. Pour la mémoire à long terme, il est possible de présenter deux ou trois photographies d'objets communs et de personnes célèbres et de demander de dénommer et de donner des informations ; on peut également demander comment les convives étaient disposés lors du dernier réveillon. Une exploration simple des facultés de raisonnement consiste à demander le plus de noms possible commençant par la lettre P en deux minutes, ou la résolution de problèmes énoncés oralement.
D'après un entretien avec le Dr Emmanuel Barbeau (neuropsychologue, centre d'étude et de recherche cerveau et cognition, CNRS, université Paul-Sabatier-III, faculté de médecine de Toulouse-Rangueil).
Références
Barbeau E et coll. Neurology 2004 ; 62 : 1317-22.
Guedj E et coll. Neurology 2006 ; 67 (2) : 356-8.
Barbeau E et coll., Neuropsychologia 2008 ; 46 : 1009-19.
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