Fractures du rachis thoraco-lombaire

L'évaluation de la vertébroplastie et de la cyphoplastie est mise en place

Publié le 19/12/2007
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(DR)La cyphoplastie est une variante de la vertébroplastie : l'injection de ciment est effectuée après l'insertion de deux ballonnets par voie transpédiculaire qui sont gonflés sous pression à l'intérieur du corps vertébral. Leur rôle est de restaurer l'anatomie de la vertèbre en la déplissant et de créer une cavité intracorporéale. Cette cavité permet d'injecter un ciment pâteux sans pression.(DR)

LA VERTÉBROPLASTIE est une technique percutanée qui consiste à injecter via les pédicules vertébraux du ciment sous pression dans une vertèbre fracturée afin d'obtenir un effet antalgique et de stabiliser la fracture. La cyphoplastie en est une variante : l'injection de ciment est effectuée après l'insertion de deux ballonnets par voie transpédiculaire qui sont gonflés sous pression à l'intérieur du corps vertébral. Leur rôle est de restaurer l'anatomie de la vertèbre en la déplissant et de créer une cavité intracorporéale. Cette cavité permet d'injecter un ciment pâteux sans pression, limitant ainsi les risques de fuites.

Les nombreux travaux publiés dans la littérature attestent l'efficacité antalgique de ces techniques, dans les fractures ostéoporotiques et traumatiques. Mais il reste encore plusieurs questions non résolues, en l'absence notamment de données prospectives et d'études scientifiquement irréprochables. De plus, la comparaison des bénéfices antalgiques entre vertébroplastie et cyphoplastie n'a jamais été faite, pas plus d'ailleurs que celle entre vertébroplastie et traitement médical.

Une carence de résultats qui justifie, pour le ministère de la Santé, l'absence de remboursement tant qu'une preuve de supériorité socio-économique de la cyphoplastie n'a pas été apportée. Pour toutes ces raisons, une vaste étude nationale, multicentrique, prospective, randomisée, comportant quatre volets débute actuellement.

L'intérêt d'une intervention plus précoce.

Deux d'entre eux concernent les fractures ostéoporotiques d'âges différents. Pour celles datant de moins de six semaines, il est prévu de comparer la vertébroplastie, la cyphoplastie et le traitement médical (100 malades dans chacun des trois bras). Pour les fractures plus anciennes, de plus de six semaines, n'ayant pas été soulagées par le traitement médical, une comparaison vertébroplastie-cyphoplastie est également programmée (100 malades dans chaque groupe). «De plus, des informations sur l'intérêt d'une intervention plus précoce, sur des fractures encore “fraîches”, pourraient être fournies», souligne le Pr Charles Court, coordinateur national de l'étude pour les chirurgiens orthopédistes.

Un troisième volet, prospectif et randomisé, a trait aux fractures traumatiques du sujet jeune sans signes neurologiques et pour lesquelles un traitement chirurgical n'est pas indiqué (fractures stables avec une déformation peu importante). Les résultats obtenus chez 100 patients traités par cyphoplastie vont être confrontés à ceux de l'immobilisation «classique» par corset chez 100 autres patients. L'hypothèse est que la cyphoplastie, au-delà de son effet antalgique, pourrait autoriser une reprise des activités plus rapide, sans avoir à recourir à une contention externe, et aussi une restauration de l'anatomie vertébrale évitant ainsi une cyphose séquellaire.

Enfin, un quatrième volet doit permettre de juger de la faisabilité et de l'utilité de la cyphoplastie associée à la chirurgie par voie postérieure, dans les fractures traumatiques instables.

Ce projet ambitieux devrait aussi apporter des informations concernant les risques et les effets indésirables de ces techniques (fuite de ciment, nouvelle fracture ostéoporotique après cyphoplastie…).

L'essai prospectif pourrait, de plus, clarifier la part de l'installation du malade pour réaliser la procédure dans le bénéfice anatomique obtenu après cyphoplastie. Enfin, les coûts directs et indirects des différentes modalités devraient être précisés.

D'après un entretien avec le Pr Charles Court, service d'orthopédie-traumatologie, hôpital de Bicêtre, université Paris-XI, Le Kremlin-Bicêtre.

Un essai multidisciplinaire

Mis à part le nombre important de patients qui doivent être inclus, ce qui nécessite une mobilisation nationale pour obtenir rapidement les enrôlements, cette étude est également caractérisée par sa multidisciplinarité. En effet, le recrutement doit se faire via les services d'urgences, d'orthopédie-traumatologie, de neurochirugie et de rhumatologie.

Autre élément pris en compte dans le protocole, la nécessité que chaque centre puisse effectuer les deux techniques, quelle que soit la spécialité des opérateurs. Il existe ainsi quatre coordinateurs nationaux : le Pr Charles Court (Paris) pour les orthopédistes, le Pr Evelyne Emery (Caen) pour les neurochirurgiens, le Pr Jean-Denis Laredo (Paris) pour l'ensemble des radiologues (coordinateur national de l'étude), ainsi que le Pr Liana Euller-Ziegler (Nice) pour les rhumatologues.

> Dr PATRICIA THELLIEZ

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8282