Les méthodes d'évaluation de la douleur, l'importance d'une bonne connaissance des paliers de l'OMS, la nécessité de traiter rapidement et efficacement la douleur aiguë afin de prévenir le syndrome douloureux chronique, une meilleure prise en charge de la douleur provoquée par les soins, tels ont été les points abordés au cours d'un atelier proposé par les Laboratoires Aventis.
Comme l'ont montré les résultats d'une étude SOFRES, de mars 2003, la majorité des Français (78 %) ont été confrontés à la douleur, dont 54 % personnellement et 9 % par le biais d'un de leurs enfants. Les principales causes sont une maladie (32 %), un accident (20 %), une intervention chirurgicale (15 %) et les actes diagnostiques et thérapeutiques (14 %). Ainsi, la prise en charge de la « douleur nosocomiale » est-elle devenue une des nouvelles priorités, d'autant qu'elle est prévisible et peut être prévenue ou rapidement traitée.
Rappelons à ce propos que l'échelle antalgique de l'OMS applicable pour toutes les douleurs nociceptives est toujours d'actualité : palier I (aspirine, paracétamol, AINS, néfopam), palier II (paracétamol + codéine, paracétamol + tramadol, paracétamol + dextropropoxyphène, tramadol) ; palier III (morphine, buprénorphine, hydromorphone, fentanyl).
Un frein à la guérison
L'évaluation de la douleur constitue le premier temps thérapeutique. Elle va conditionner la prise en charge adéquate, en sachant que chaque patient est unique dans la perception de la douleur et dans sa façon de l'exprimer. De même, il est acquis que la douleur aiguë est un frein à la guérison. Quant à la douleur chronique, il s'agit d'une maladie en elle-même qui nécessite une prise en charge dans sa globalité et une recherche des facteurs psychosociaux susceptibles de l'entretenir.
Parmi les échelles d'autoévaluation de la douleur, un nouvel outil a été mis à la disposition des médecins : l'Echelle visuelle électronique (EVE). Il s'agit d'un équivalent de l'EVA, mais portée sur un appareil de type agenda électronique. Elle permet au patient d'enregistrer, à son domicile, les pics douloureux et au médecin de mieux adapter le traitement.
La douleur de l'enfant est aujourd'hui mieux comprise et mesurée depuis que l'on s'est aperçu que l'enfant malade qui ne dit rien peut souffrir. Comme le souligne le Dr Ch. Wood, aucune échelle ne tient compte de l'aspect biphasique de la douleur de l'enfant : alors que la forme aiguë est parlante, lorsqu'elle se prolonge, l'enfant va devenir calme et ne bouge plus (inertie psychomotrice). « Il faut se méfier de la modification du comportement de l'enfant, utiliser plusieurs échelles, répéter les mesures, prendre en considération le fait que la douleur est augmentée par l'anxiété et le stress, choisir l'échelle selon l'âge et la pathologie afin d'adapter le traitement quant à la posologie et la durée », estime-t-il. Précisons également que chez l'enfant âgé de moins de 6 ans l'autoévaluation n'est pas réalisable, d'où le recours aux outils comme le « dessin du bonhomme », l'échelle des mimiques ou l'échelle des cubes. Des outils spécifiques d'hétéro-évaluation ont été développés d'après l'observation du comportement de l'enfant (protection spontanée des zones douloureuses, tensions du corps, prostration...), de l'interrogatoire des parents et l'examen médical.
Traiter vite et bien
En ce qui concerne les douleurs aiguës les plus fréquentes (dorsalgies, lombalgies, cervicalgies), le Dr P. Sichère a rappelé qu'il est fondamental de traiter vite et bien, c'est-à-dire un minimum de cinq à huit jours afin d'éviter le phénomène de la mémoire de la douleur et du cercle vicieux lorsque les contractures musculaires s'installent et la douleur devient chronique. « Plus on est efficace dès le premier épisode douloureux, plus le bénéfice est durable. Il est important d'obtenir la participation du malade et le convaincre qu'à côté du traitement médicamenteux, les exercices physiques quotidiens demeurent un moyen complémentaire contre la chronicisation des douleurs en rhumatologie », conclut le Dr Sichère.
Ludmila COUTURIER
Atelier Aventis auquel participaient les Drs A. Serrie (hôpital Lariboisière, Paris), P. Ginies (hôpital Saint-Eloi, Montpellier), Ch. Wood (hôpital Robert-Debré, Paris) et P. Sichère (Paris).
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