ALORS QUE la Commission européenne a entrepris ses travaux préparatoires à l'élaboration d'un nouveau plan d'action contre le cancer, « the European Journal of Cancer » publie une série de dix articles qui devraient nourrir les discussions sur le sujet. L'article du Pr Jan Willem Coebergh (Rotterdam) et de son équipe fait le point sur l'évolution de l'incidence, de la mortalité et de la survie à cinq ans, entre le milieu des années 1990 et le milieu des années 2000, à partir des registres de cancer de 21 pays européens. Les auteurs soulignent le caractère inédit de leur travail – les études antérieures sont plus fragmentaires – qui révèle une tendance à la baisse de l'incidence des cancers dans les pays les plus développés en Europe du Nord et de l'Ouest, à l'exception des cancers liés à l'obésité tels que le cancer côlo-rectal, du cancer du sein postménopausique chez la femme ou du cancer du poumon chez la femme en raison du tabagisme.
Alors que l'incidence et la mortalité des cancers liés au tabagisme déclinaient chez les hommes en Europe du Nord, de l'Ouest et du Sud, elles étaient en augmentation pour les deux sexes en Europe centrale et chez les femmes dans tous les pays. À l'exception des cancers liés au tabagisme, la mortalité tend à diminuer dans la plupart des cancers. Quant à la survie, elle tend, d'une manière générale, à s'améliorer en raison probablement d'un meilleur accès au diagnostic, d'une prise en charge précoce et de l'amélioration des traitements. Les effets du dépistage sont notables, en particulier pour le cancer du sein, de la prostate ou pour le mélanome. En dépit d'une incidence en nette progression dans la plupart des pays, la mortalité liée au cancer du sein est en baisse, tandis que la survie s'améliore. L'incidence comme la survie sont en partie influencées par l'existence d'un dépistage organisé et la découverte de cancers plus petits et moins agressifs.
Des disparités entre pays.
L'étude a permis de mettre en évidence des disparités entre les régions. Au Nord et à l'Ouest, les cancers du sein, de la prostate, du testicule et le mélanome sont les plus fréquents ; au Sud, les cancers du poumon, de l'estomac prédominent. Et à l'intérieur d'une même région, certaines différences peuvent aussi être observées. Pour la plupart des tumeurs, les pays scandinaves (à l'exception du Danemark) ont de meilleurs résultats que le Royaume-Uni et le Danemark. Les différences dans le mode de vie, les facteurs environnementaux mais aussi l'organisation des systèmes de santé influent sur les résultats. En particulier, l'accès au dépistage, aux soins et au traitement est déterminant. «L'amélioration de la survie des cancers peut s'expliquer par une détection précoce (sein, prostate), mais elle peut résulter d'un accès plus large des patients âgés à des traitements récents et plus agressifs», notent les auteurs.
L'étude du Pr Coebergh souligne l'importance d'accentuer les efforts de prévention de l'obésité et du tabagisme féminin et devrait aussi aider aux partages d'expérience entre pays européens.
* Volume 44, Issue 10 (juillet 2008). « The European Journal of Cancer » est l'organe de l'ECCO (European CanCer Organisation), www.ecco-eu.org.
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