L 'Union européenne « a obtenu des améliorations significatives de la santé au cours des trois dernières décennies ». C'est elle qui le dit dans un nouveau rapport, le quatrième, sur l'état de santé dans la Communauté.
Le premier indicateur, et le plus parlant, est l'espérance de vie à la naissance, de 77,8 ans en moyenne. De 1970 à 1997, elle est passée pour les hommes de 68,6 à 74,4 ans et pour les femmes de 74,9 à 81 ans. Et il y a encore une marge d'amélioration, selon le rapport, même pour les pays les mieux placés comme la Suède (76,6 ans pour les hommes) et la France (83,2 ans pour les femmes).
Les chiffres de la mortalité après 65 ans sont non moins satisfaisants, surtout pour la France, qui a la mortalité la plus faible. Avant 65 ans (20 % des décès environ), la baisse est spectaculaire - de 498 à 314 pour 100 000 chez les hommes et de 271 à 153 chez les femmes -, mais la mortalité demeure élevée. Les plus forts taux sont ceux du Portugal pour les hommes (399) et du Danemark pour les femmes (217). Au Danemark, d'ailleurs, la baisse de la mortalité n'empêche pas une hausse par rapport à la moyenne de l'UE pour les deux sexes, comme en Grèce, au Portugal et en Espagne pour les hommes et aux Pays-Bas pour les femmes.
Grossesses tardives
Autres baisses conséquentes, celles de la mortalité périnatale (les décès néonatals précoces, très sensibles à la prévention, ont été réduits de 70 %) et de la mortalité infantile (5,5 pour 1 000 naissances vivantes, - 75 %, avec une réduction très importante de l'écart entre les pays au taux le plus élevé et ceux au taux le plus bas au moins dans tous les pays). Si la France appartient, avec la Belgique, le Danemark, la Grèce, l'Italie et le Royaume-Uni au groupe ayant la mortalité néonatale précoce la plus élevée, elle est bien placée pour la mortalité postnéonatale et se situe dans le groupe intermédiaire pour la mortalité infantile.
Indicateur de la qualité des soins obstétriques, les taux de mortalité maternelle sont bas mais, là encore, dit le rapport, il y a une marge de manœuvre, à plus forte raison en France où ce taux augmente depuis la fin des années 1980. Deux préoccupations : les grossesses tardives (Espagne, Irlande, Italie et Pays-Bas) et les grossesses de l'adolescente (en hausse au Royaume-Uni). Il y a de plus en plus de premier-nés (proportionnellement) et de naissances multiples, ce qui contribue à la morbidité périnatale.
Alors que « la conduite en état d'ivresse constitue un important problème de santé publique en Belgique, en France et au Portugal », une source d'inquiétude réside dans les problèmes liés à la santé mentale, dont souffrent entre 15 et 20 % des adultes et de 17 à 22 % des adolescents de moins de 18 ans. En hausse notamment, les troubles de l'alimentation. En hausse également, sauf en Suède, le taux de suicide chez les hommes jeunes (alors qu'il a baissé chez les femmes jeunes).
Les cancers en progression
Responsables de 35 % des décès avant 65 ans, les cancers ont une incidence en légère progression. Le cancer du poumon (54,1 cas pour 100 000 hommes et 11,1 pour les femmes) recule en Belgique, au Danemark, en France, en Irlande, aux-Pays-Bas, en Autriche et en Finlande et continue de croître dans les autres Etats membres. L'incidence du cancer du sein progresse partout mais la mortalité décroît au Luxembourg, aux Pays-Bas et en Suède, qui ont mis en place des programmes de dépistage efficaces, ainsi qu'en Allemagne, en Autriche et au Royaume-Uni.
Bien qu'en baisse partout, les cardiopathies ischémiques restent la principale cause de décès chez les moins de 65 ans (26,9 pour 100 000). Les hommes en Irlande (78,3) et les femmes au Royaume-Uni (17,6) ont la mortalité la plus élevée, les hommes et les femmes en France (22,1 et 3,7) la mortalité la plus basse. En baisse également, la mortalité avant 65 ans due aux maladies vasculaires cérébrales. La France a là encore la mortalité la plus basse, pour les femmes (4,9).
Au chapitre des maladies infectieuses, le nombre de cas de sida est en baisse grâce au dépistage avant le stade de la maladie et aux traitements antirétroviraux mais les MST et l'hépatite C progressent. Il faut résoudre le problème « en développement » de la résistance aux antibiotiques. Il faudrait aussi harmoniser les politiques de vaccination, sachant qu'il y a d'importantes possibilités d'amélioration sanitaire du côté des maladies qui redeviennent un danger pour la santé publique (grippe, coqueluche, diphtérie, oreillons) ou de pathologies qui ne font pas l'objet d'un suivi systématique et/ou pour lesquelles des politiques de vaccination ne sont pas définies (ménigococcémies, infections pneumococciques, varicelle, hépatites A et B).
Pour chaque pathologie, la comparaison des résultats les plus mauvais avec les meilleurs ou même seulement la moyenne européenne montre la marge de manœuvre possible. Le rapport énumère les déterminants bien connus que sont les comportements à risques, les mauvaises conditions environnementales et une situation socio-économique défavorable ainsi que les facteurs de promotion de la santé et en déduit les politiques publiques qui pourraient être impulsées par les Etats et au niveau communautaire. Un vaste programme qui se révèle alors beaucoup moins concret et précis que les statistiques comparatives. Et beaucoup plus utopique puisqu'il s'agit de politiques multidisciplinaires intégrant l'emploi ou la lutte contre la pauvreté et tenant compte des nouvelles formes d'organisation du travail (à domicile et précaire) comme de la transformation des systèmes de solidarité tournant autour de la famille.
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