TROIS CENTS EXPERTS internationaux sont attendus aujourd'hui et demain à Paris pour Eurosafe, une initiative de la Commission de la sécurité des consommateurs (CSC) et de l'organisation internationale chargée de la sécurité en Europe, sous l'égide de la présidence française. Chaque année, 235 000 Européens perdent la vie des suites d'un accident ou d'un acte de violence. En présence de Luc Chatel, le secrétaire d'État chargé de l'Industrie et de la Consommation, et de Meglena Kuneva, la commissaire européenne chargée de la Consommation, le forum va explorer un maximum de pistes pour combattre les accidents sous toutes leurs formes.
Au chapitre de la sécurité routière, les intervenants vont se pencher sur les usagers les plus vulnérables : personnes âgées, enfants, usagers non motorisés. Contre les risques liés aux pratiques sportives, ils vont proposer de renforcer les normes de sécurité dans la pratique des sports d'hiver, cause de 300 000 traumatismes annuels dans le seul arc alpin.
Pour la sécurité des enfants, la surveillance accrue du marché des jouets, la sensibilisation des professions de santé ainsi que les campagnes de prévention des noyades (deuxième cause de décès des jeunes enfants dans les pays de l'OCDE) seront mis en exergue. S'agissant des personnes âgées, ce sont les chutes qui restent le souci prioritaire, avec, rien qu'en France, 9 300 décès annuels. Un programme d'évaluation du risque de chute au domicile, conçu par une équipe du CHU de Poitiers, va être proposé, avec description, à la clé, des modalités de l'aménagement du domicile.
Eurosafe devrait encore s'en prendre aux nombreux clichés qui circulent dans l'imaginaire collectif lorsque sont évoquées les violences personnelles, qu'il s'agisse de la violence dirigée contre soi-même (suicides, auto-mutilations), ou de la violence subie (mauvais traitements familiaux, humiliations). Non, elles ne sont pas en constante augmentation, expliquera notamment Anne Turz, directrice de recherche à l'INSERM, et elles ne sont pas l'apanage des classes sociales défavorisées.
Un Livre blanc pour la France.
« Prévenir les accidents de la vie courante », c'est le titre du Livre blanc que les 140 experts français mis à contribution (CSC, Institut national de la consommation et Macif Prévention) vont remettre à Luc Chatel. Il recommande la création d'un observatoire national des AcVC (accidents de la vie courante) qui permettrait de collationner des ressources jusqu'à présent dispersées entre professionnels, fabricants et distributeurs de produits ou de services. Le PMSI (programme de médicalisation des systèmes de santé) fournirait aussi ses informations pour le recueil des données concernant l'origine des traumatismes. Des réglementations ou législations pourraient être revues, comme celle du code de l'urbanisme et du logement, afin de prévenir les défenestrations d'enfants. Des campagnes de sensibilisation du public devraient être lancées, par exemple pour promouvoir l'installation obligatoire de détecteurs de fumée dans les logements, ou l'incitation au port de casque de vélo. Des systèmes d'alerte devraient être créés, enfin, par les professionnels qui interviennent auprès des seniors (aidants familiaux, aides à domicile, travailleurs sociaux), pour repérer les risques importants de chute et favoriser l'aménagement des logements, ou la participation à des ateliers qui favorisent l'équilibre.
Sur ces différents fronts accidentologiques, les communications scientifiques, avec des approches surtout transversales, sont appelées à favoriser l'organisation d'une Europe de la sécurité. Rendez-vous sur le portail Internet qui sera opérationnel à l'issue de la conférence : www.prevenirles accidentsdelaviecourante.fr.
En chiffres
En Europe
– 235000 décès des suites d'un accident ou d'un acte de violence.
– 6,8 millions d'admissions hospitalières pour cause de blessures et traumatismes (11 % du total des admissions dans l'UE).
– Entre 35 000 et 40 000 noyades (2e cause de décès des jeunes enfants de l'UE).
– 300 000 accidents de ski alpin.
– 73 000 décès occasionnés par suite de violences interpersonnelles en 2002.
En France
– 19 000 décès des suites d'accidents de la vie courante, 11 millions de traumatismes, dont 4,5 millions nécessitent un recours aux urgences hospitalières.
– 4615 décès provoqués par les accidents de la circulation routière.
– 10000 décès par suicide.
– 900 000 recours aux urgences par suite d'accidents de sport.
– 47 238 traumatismes ayant nécessité l'intervention des services de secours lors de la pratique du ski.
– 1 207 noyades accidentelles, dont 401 ayant entraîné la mort.
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