De notre correspondant à Strasbourg
En 1999, les parlementaires du Conseil de l'Europe avaient catégoriquement rejeté toute dépénalisation de l'euthanasie, mais l'évolution de la question, notamment aux Pays-Bas, en Belgique et en Suisse , a poussé certains députés à remettre ce sujet à l'ordre du jour de l'Assemblée. La résolution présentée par le député libéral suisse Dick Marty a toutefois soulevé une telle opposition au sein de l'Assemblée qu'elle l'a repoussée au dernier moment à une date ultérieure.
Invité à exprimer sa position sur ce rapport, le Comité permanent des médecins européens (CPME), qui représente les 2 millions de médecins exerçant dans les 15 pays de l'Union et dans les 10 futurs Etats membres, a souhaité pour sa part qu'un débat s'instaure au niveau du continent. En outre, il a regretté, au même titre que le Comité permanent des infirmiers européens, que « les professionnels de santé n'ait pas été associés plus tôt à l'élaboration de cette résolution ».
La secrétaire générale du CPME, la Néerlandaise Lisette Tiddens-Engwirda, et les responsables des autres organisations de médecins européens rejettent le parallèle souvent établi entre euthanasie active et euthanasie passive : « L'euthanasie active consiste à donner la mort, alors que le fait de ne pas s'acharner à poursuivre un traitement douloureux et sans perspectives ne peut être considéré comme une euthanasie, même passive », a-t-elle expliqué aux parlementaires.
Clause de conscience
Le CPME, qui a débattu à plusieurs reprises de l'euthanasie, sans parvenir pour autant à adopter une position unique, estime que « la société ne devrait pas imposer sa position aux individus sur une telle question ». Dans tous les cas, a poursuivi Mme Tiddens-Engwirda, « les médecins ne veulent pas être forcés d'accéder à une demande d'euthanasie, si elle est formulée dans un pays où elle est légale : ils demandent, comme pour l'avortement, qu'une clause de conscience soit introduite dans les éventuelles législations à venir ».
Les parlementaires du Conseil de l'Europe reprendront l'examen de cette résolution au cours d'une session ultérieure. Comme l'a expliqué en commission l'ancien ministre de la Santé Claude Evin, aujourd'hui membre de l'Assemblée parlementaire, le rapport de M. Marty donnait l'impression que les lois belges et néerlandaises sont les seules réponses au problème de fin de vie, et pêchait par son manque de clarté : l'euthanasie n'est, selon lui, « qu'un aspect du débat », alors qu'il faut parler bien plus des soins palliatifs et de leur développement.
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