« Au vu des réactions immédiates qui ont suivi l'horreur et les menaces de l'automne 2001, il apparaît qu'en termes de sécurité sanitaire les gouvernements ont jusqu'ici essentiellement mesuré leur succès d'après le calme et l'absence d'incident » : l'éditorial du bulletin signé David Byrne, commissaire européen à la Santé et à la Protection des consommateurs, montre de façon très explicite « les faibles moyens disponibles à ce jour pour combattre les vraies attaques et non les canulars ».
Si, aux Etats-Unis, 22 cas de charbon, dont 5 mortels, ont été identifiés depuis octobre 2001, en Europe, malgré la multiplication de canulars et fausses alertes, aucun cas de charbon dû à une action malveillante n'est à déplorer.
Fort heureusement, car les gouvernements européens avaient minimisé la menace. Contrairement au département de la Défense américain qui, dès 2000, mettait en garde contre « l'intérêt grandissant de certaines organisations terroristes pour les armes chimiques et biologiques ». En Europe, à la même période, peu d'inquiétude sur le sujet. A tel point qu'au lendemain de la découverte des premiers cas de charbon aux Etats-Unis les systèmes de santé et de lutte européens, comme les laboratoires, ont été pris de court.
Manque de préparation et budgets insuffisants
Les conclusions d'une enquête portant sur 18 instituts de santé public européens, dans 16 pays, soulignent deux lacunes majeures : le manque de préparation à l'éventualité d'une attaque bioterroriste et l'insuffisance des budgets débloqués à cet effet. Seulement sept pays sur seize avaient élaboré un plan de réponse au bioterrorisme au cours de l'année 2000. Et, à cette même date, un seul institut disposait d'un budget spécifique.
Point positif : la « psychose collective » d'octobre 2001 a accéléré le processus. Un mois après le 4 octobre, tous les pays participant à l'enquête avaient mis sur pied un plan de réponse au bioterrorisme et sept instituts disposaient d'un budget spécifique.
Entre autres recommandations formulées dans ce bulletin, la surveillance des syndromes cliniques est essentielle : « Les médecins doivent connaître ces syndromes pour les repérer, savoir à qui demander une expertise et prévenir les autorités sanitaires s'ils se présentent ».
Les plus courants sont les suivants : infection aiguë avec insuffisance respiratoire dans le cas du charbon d'inhalation, de la peste ou de la tularémie ; lésions cutanées typiques du charbon cutané ; paralysie flasque, symétrique, descendant rapidement et sans fièvre dans le cas du botulisme ; et foyers de cas présentant une symptomatologie systémique grave avec une éruption vésiculaire dans le cas de la variole.
Enfin, le rapport souligne l'inutilité de campagnes de vaccination préventives dans l'hypothèse de l'utilisation du virus de la variole comme arme : « Une vaccination très large pourrait entraîner des effets secondaires graves chez des populations ne présentant pas de risque particulier d'exposition. » La vaccination rapide des sujets contacts est la plus appropriée.
* Financé par la DG Santé et Protection des consommateurs de la Commission des communautés européennes ; InVS, Saint-Maurice, www.eurosurveillance.org.
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