Cette année, la Commission a modifié son mode de financement de la recherche européenne. Au lieu de soutenir divers projets non coordonnés entre eux, elle a préféré n'en retenir que trois grands, tous en lien avec la postgénomique. Chacun va durer trois ans. Ce changement de stratégie est censé préparer le lancement du sixième programme-cadre, prévu sur la période 2002-2006. Le recentrage des efforts coïncide avec la volonté de construire une aire européenne de la recherche et de l'innovation compétitive, comme l'ont souhaité les représentants des gouvernements lors du tout récent sommet de Barcelone.
Le premier de ces trois projets, qui réunit une trentaine de partenaires, porte sur la protéomique structurale. Autrement dit l'étude de la structure tridimensionnelle des protéines pour en découvrir la fonction et de possibles applications thérapeutiques. « A l'heure actuelle, un laboratoire étudie en moyenne une petite dizaine de protéines par an, explique le Pr Pedro Alzari, de l'Institut Pasteur, partenaire du projet. Le projet vise un résultat ambitieux : la détermination en trois ans, grâce à la mise en commun des moyens techniques et humains, de la structure de 600 protéines, toutes choisies pour leur intérêt médical. » Il s'agit de protéines humaines, virales et bactériennes dont seule la séquence ADN correspondante est connue. Coût du projet : 14 millions d'euros. A titre de comparaison, les Etats-Unis ont lancé neuf projets similaires il y a deux ans ; chacun reçoit du NIH 15 millions de dollars pour cinq ans, en plus des subventions privées.
La souris et les jumeaux
Le deuxième projet européen, sur la génomique de la souris, sera copiloté par un généticien britannique et le Pr Pierre Chambon, qui dirige l'institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire de Strasbourg. Le génome de la souris est identique à 95 % au génome humain. Le rongeur est donc un excellent modèle d'étude des maladies humaines. Le but du projet : identifier le meilleur modèle murin pour telle ou telle maladie humaine. Et réduire le nombre d'animaux utilisés dans chaque expérience, grâce notamment au développement d'une nouvelle mutagenèse dirigée, plus efficace.
Le troisième projet est épidémiologique. Son objectif : constituer un gigantesque fichier de jumeaux, afin de mieux distinguer les rôles de l'environnement, des gènes et du mode de vie dans l'apparition des maladies. L'Europe compte 600 000 paires de jumeaux. Si la plupart se portent volontaires, les chercheurs espèrent trouver de nouveaux éléments pour comprendre des problèmes de santé fréquents tels que la migraine, l'obésité, les accidents cardiaques et cérébraux.
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