Le sommet européen de jeudi et vendredi derniers a été glacial. Mais Jacques Chirac et Tony Blair, dont tout le monde a remarqué avec extase qu'ils continuaient à se parler et même qu'ils se serraient la main, ont eu un aparté qui aura sûrement servi à apaiser la crise entre les deux pays.
Comme il était difficile de trouver un dénominateur commun sur l'Irak, on a trouvé une autre guerre possible. Les dirigeants européens ont convoqué un conseil interministériel extraordinaire pour examiner le problème posé par la Corée du Nord. On en est tout ébloui car si l'Irak, selon certains Européens, ne représente aucun danger, le régime de Pyong Yang brandit déjà des armes nucléaires. Voilà donc une menace qu'il faut prendre au sérieux.
On a toutefois du mal à imaginer que l'Europe, qui a montré une unité sans failles, puisse proposer un choix de solutions. Il serait aventureux qu'elle rassemble ses forces armées pour attaquer le dernier bastion du stalinisme, puisqu'il nous a été expliqué qu'une guerre « n'est pas inévitable ». On a donc tout lieu de croire que les Quinze vont définir une approche diplomatique du problème susceptible de mettre à l'abri tous les Etats du bassin Pacifique, par exemple en faisant un numéro de charme à Kim Jong Il ou en lui offrant sa cent et unième Mercedes.
Nous rejoindrons l'écrivain Maurice Dantec sur ce point : invité à l'émission « Campus », il s'est prononcé en faveur du retrait général américain de tous les points chauds du monde, notamment des Balkans et de la Corée du Sud. M. Dantec, par ailleurs un brin provocateur, faisait en réalité une démonstration par l'absurde. Lui et quelques-uns des orateurs présents, dont l'excellent Pascal Bruckner, exprimaient une indignation motivée par le procès pour le moins excessif que le monde fait à l'Amérique. Ils ont signalé, à cette occasion, la déclaration de Jack Lang (« Bush et Ben Laden, même combat ») à quoi nous ajouterons le pertinent jugement de Max Gallo dans « la Vie » : « Crime contre l'humanité ». Et encore le formidable professionnalisme des journalistes de l'AFP qui sont allés interroger des enfants dans une école, lesquels nous ont « expliqué », insiste l'AFP, que « Bush, il s'en fiche, ce qu'il veut, c'est le pétrole ».
On est mis au pied du mur par des avis aussi autorisés, mais on se demande quand même si une sorte de délire ne parcourt pas le pays, uni dans sa fête antiaméricaine, comme il ne l'a jamais été. Il est vrai que, comme l'a affirmé à France Info ce remarquable expert qu'est Pascal Boniface, « la presse américaine fait mal son travail », ce qui a conduit sa non moins remarquable intervieweuse à en conclure que, par comparaison, la presse française fait bien le sien.
C'est vrai, parlons plutôt de la Corée.
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