EN FRANCE, la sexologie est reconnue par le biais des diplômes interuniversitaires que délivrent en trois ans certaines facultés de médecine. Car s’il existe aussi des psychologues sexologues (avec diplôme de 3e cycle ou CES) ou des sexothérapeutes (sans diplôme particulier), la grande majorité des sexologues sont des médecins. Qu’en est-il dans les autres pays d’Europe ? L’enquête Euro-Sexo, menée dans sept pays sous la direction d’Alain Giami (unité 569 Inserm), apporte des éléments de réponse. Ils sont d’autant plus intéressants que la discipline évolue, notamment avec l’arrivée des traitements des dysfonctions érectiles prescrits uniquement sur ordonnance.
Le record finlandais.
L’enquête a été menée à partir du protocole développé en France en 1999. Elle permet d’estimer le nombre de sexologues et leur proportion par million d’habitants, qui va de treize en France métropolitaine et quatorze en Italie à cent neuf en Finlande. Un chiffre record que l’enquête n’explique pas et qui est très loin devant tous les autres : quarante pour le Danemark, deuxième, trente pour la Norvège, vingt-deux pour la Suède, dix-neuf pour le Royaume-Uni.
La majorité des sexologues sont des femmes, issues des professions de santé mais non médecins : infirmières, sages-femmes, psychologues, conseillers conjugaux. La France, note l’Inserm, représente une double exception puisque 62,7 % des sexologues sont des médecins et 60 % des hommes. Plus des deux tiers, et surtout les non-médecins, ont suivi au moins une formation en sexologie et/ou en sexualité humaine ; au Danemark, en Finlande et en France, la proportion atteint 90 %.
Pour la plupart, les sexologues consacrent moins de 25 % de leur activité à la sexologie, sauf les non-médecins qui y passent jusqu’à 75 % de leur temps professionnel. Le plus souvent, la sexologie correspond à une formation complémentaire à leur activité principale dans la santé, souvent entreprise après plusieurs années d’exercice professionnel.
Dans l’enquête de 1999 en France, 68 % des sexologues étaient médecins (35 % généralistes, 12 % psychiatres, 9 % gynécologues) et 12 % psychologues. La majorité consacraient un quart de leur temps au plus à la sexologie (moins de 10 % pour 23 % des répondants et de 10 à 25 % pour 29 %).
Toutes les données suggèrent «une identité professionnelle floue» : dans l’ensemble des pays, la majorité des personnes interrogées ne se reconnaissent pas en premier lieu comme « sexologues » ou « sexothérapeutes », même si les non-médecins se décrivent ainsi plus volontiers que les médecins (77 % des premiers contre 65 % des seconds). Les chiffres hétérogènes reflètent aussi le fait que le titre de sexologue n’apporte pas le même bénéfice selon les professions et les pays.
L’enquête relève que des procédures d’habilitation, de validation de la formation et d’autorisation de pratiquer la sexologie ont été mises en place en France et dans les pays nordiques. L’exercice actuel de la sexologie en Europe repose donc «sur des équilibres instables qui sont liés à sa diversité».
« La profession de sexologue en Europe : diversités et perspectives communes », A. Giami, PK de Colomby, groupe Euro-Sexo, « Sexologies » (revue trimestrielle qui est l’organe officiel de l’European Federation of Sexology), en collaboration scientifique avec l’Aihus, Association interhospitalo-universitaire de sexologie), numéro spécial, 29 mars 2006.
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