2000, l'adoption des 8 OMD (voir encadré) par l'ensemble de la communauté internationale, sous l'égide de l'ONU. 2015, la date butoir fixée pour atteindre ces objectifs. Juillet 2007, à exactement mi-parcours, après plusieurs réitérations et protestations de bonne volonté des pays riches, G8 après G8, une alerte santé dramatique vient d'être émise par Action for Global Health (Afgh), un jeune réseau qui regroupe une quinzaine d'ONG européennes. Selon les données exposées dans son premier rapport, les trois objectifs relatifs à la santé ne seront pas atteints. Par exemple, s'indigne le Dr Amine Kebe (OMS), «l'OMD concernant la réduction de deux tiers de la mortalité infantile des enfants de moins de cinq ans sera obtenu non en 2015 pour les pays d'Afrique subsaharienne, mais en… 2220!».
«Il n'est pas nécessaire demouliner des indicateurs statistiques complexes pour prendre conscience de l'ampleur du problème, souligne le Dr Michel Brugière, directeur général de Médecins du monde : partout sur le terrain, nos équipes sont confrontées aux mêmes difficultés pour prendre en charge les enfants de moins de 5ans qui souffrent de malnutrition, de diarrhées, de paludisme et de rougeole, les victimes des maladies infectieuses (sida, tuberculose, paludisme) , les femmes enceintes pour lesquelles les possibilités de réaliser des césariennes sont très réduites en milieu rural.»
550 000 femmes enceintes meurent chaque année.
Sans financements appropriés, ce sont 550 000 femmes qui meurent chaque année du fait d'être enceintes, selon les estimations effectuées par Equilibres & Populations ; l'ONG présidée par le Dr Marie-Claude Tesson-Millet souligne que «99% de ces décès surviennent dans les pays en développement» et que «les complications liées à l'accouchement ou à la grossesse sont la cause principale de mortalité et de handicap pour les femmes en âge de procréer (15/49 ans) ».Les experts d'Afgh ont fait leur chiffrage. Pour éviter que les OMD aillent dans le mur de l'argent, ils estiment que l'aide publique au développement (APD) affectée à la santé par les donateurs devrait atteindre 27 milliards de dollars (environ 20 milliards d'euros) en 2007, puis 38 milliards de dollars (environ 28 milliards d'euros) d'ici à 2015. Or les sommes réunies à ce jour sont très inférieures : entre 6 et 12 milliards de dollars (4,5 à 9 milliards d'euros) en 2007. Afgh préconise de porter à 0,7 % du RNB (revenu national brut) les APD. La France, en particulier, est bien loin du compte, avec les 0,014 % de son RNB alloués à l'APD santé. A titre de comparaison, l'Espagne atteint le taux de 0,027 % et le Royaume-Uni, celui de 0,042 % (chiffres Ocde). Pour rattraper la moyenne des pays contributeurs, la France devrait porter son effort à 1,7 milliard d'euros pour la santé d'ici à 2012.
Certes, le financement ne peut pas tout. Selon le réseau, il faut revoir les politiques restrictives du FMI (Fonds monétaire international), renforcer les systèmes de santé par le biais d'initiatives comme le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose ou le paludisme et l'alliance Gavi, remédier aux inégalités entre hommes et femmes…
Consciente de l'urgence, l'OMS lance un appel aux donateurs non seulement pour qu'ils respectent leurs engagements, mais pour qu'ils promettent de nouveaux financements indispensables. Dans la lutte contre le paludisme, pour ne prendre que cette maladie, l'organisation onusienne constate qu'on est loin d'atteindre les 3 milliards de dollars par an qui constitueraient, selon elle, le minimum financier pour lutter efficacement contre la pandémie.
Les huit OMD
189 Etats ont signé en septembre 2000 un accord ambitieux de partenariat mondial, autour des huit Objectifs du millénaire pour le développement et la santé (OMD) :
– la réduction de l'extrême pauvreté et de la faim ;
– l'éducation primaire assurée pour tous ;
– la promotion de l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes ;
– la réduction de la mortalité infantile des enfants de moins de cinq ans ;
– l'amélioration de la santé maternelle ;
– la lutte contre le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose ;
– l'aménagement d'un environnement durable ;
– la mise en place d'un partenariat mondial pour le développement.
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