On nous la baille belle. Naguère, l'euro était trop faible par rapport au dollar. Une faiblesse désespérante, continue, apparemment irrémédiable, et de toute façon injuste.
Le lancement de la monnaie unique qui, en janvier 1999, s'établissait à 1,17 dollar, parité saluée triomphalement par l'Union européenne, avait démontré, mais provisoirement, la vigueur de l'euro. Si, à l'époque, 1,17 semblait juste et approprié, pourquoi, aujourd'hui, 1,17 traduit-il une force excessive et déraisonnable de l'euro ?
Il faudrait savoir ce que l'on veut. Du coup, les marchés font grise mine et toutes les entreprises se servent de la force de l'euro pour expliquer leurs piètres performances. Argument d'autant plus hypocrite que les changes sont souvent fixés en même temps que les transactions et qu'on ne vend pas un produit livrable deux ans plus tard sans s'être assuré, dans la plupart des cas, du taux de change selon lequel il est vendu.
Une monnaie n'est ni forte ni faible dès lors que sa faiblesse comprend des avantages - à l'exportation, par exemple - et que sa vigueur contient des inconvénients - prix touristiques plus bas, importations moins chères, donc, désinflation. On ne peut pas pleurer dans tous les cas de figure, quand la monnaie unique est trop forte ou quand elle est trop faible.
Les Américains l'ont si bien compris que, après avoir fait un baroud d'honneur (et purement verbal) sur leur politique du dollar fort, ils se moquent comme d'une guigne de son effondrement, qui a tout de même l'avantage de freiner les importations : les Etats-Unis ont enregistré l'an dernier plus de 500 milliards de déficit commercial. Cela dit, même un dollar faible ne garantit pas une réduction de ce déficit, car, au pays de toutes les libertés, on importe ce qu'on veut quand on veut, et parfois à n'importe quel prix, de sorte que le déséquilibre des échanges américains risque de s'aggraver.
En réalité, l'euro va bien et sa parité n'est pas plus élevée aujourd'hui qu'il y a quatre ans. Mais n'en tirons pas de conclusion hâtive : c'est une désaffection très momentanée à l'égard du dollar qui conduit les investisseurs à acheter de l'euro, lequel est moins fort par rapport au dollar que le dollar n'est faible par rapport à lui. Pour le moment.
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