Leucémie à promyélocytes : un vaccin en plus de l'acide rétinoïque chez les souris

Publié le 21/10/2003
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De notre correspondante
à New York

« Ce développement est très intéressant car de nombreux gènes associés aux cancers ont été clonés sur le plan moléculaire et peuvent donc être potentiellement ciblés par cette approche », déclare au « Quotidien », le Dr Rose Ann Padua (King's College Hospital, Londres) qui a dirigé ce travail. « L'immunothérapie est bien tolérée et c'est une option intéressante étant donné la qualité de vie associée à ce traitement. »

L'équipe décrit cette recherche dans la revue « Nature Medicine ». Malgré les progrès récents, soulignent les chercheurs, « la leucémie aiguë n'est pas curable et peu de patients survivent plus de dix ans après le diagnostic ».
L'équipe a cherché à savoir si une immunothérapie spécifique par un vaccin ADN pourrait induire une immunité protectrice contre la leucémie. Pour les leucémies myéloïdes, les protéines de fusion résultant des translocations réciproques pourraient constituer une source d'antigènes spécifiquement associés à la tumeur. Le vaccin ADN pourrait ainsi cibler l'oncoprotéine de fusion.

Une translocation à l'origine d'une protéine chimérique

L'étude a été menée sur la leucémie aiguë myéloïde M3, ou leucémie promyélocytaire. Quatre vingt quinze pour cent des cas sont liés à la translocation 15-17, avec fusion du gène de la leucémie promyélocytaire et du gène du récepteur alpha de l'acide rétinoïque, produisant la protéine chimérique PML-RAR-alpha. Le traitement conventionnel est l'acide transrétinoïque (ATRA), qui induit une différenciation terminale des cellules leucémiques et un taux élevé de rémission.
Les chercheurs ont développé un vaccin ADN en fusionnant l'oncogène humain PML-RAR-alpha à un fragment C de la toxine tétanique, facteur qui stimule puissamment le système immunitaire.
Le vaccin ADN a été évalué dans un modèle de leucémie M3 chez la souris. Les souris sont greffées avec des cellules leucémiques de souris transgéniques porteuses de l'oncogène humain PML-RAR-alpha.
Lorsque ce vaccin ADN est administré chez les souris leucémiques, leur survie est significativement améliorée, et davantage encore lorsqu'il est combiné au traitement (ATRA). Le vaccin ADN induit la production d'anticorps spécifiques et d'interféron gamma. Les chercheurs montrent aussi que le traitement ATRA induit lui aussi une réponse immunitaire.

Le contrôle de la maladie résiduelle

C'est la première fois, souligne le Dr Padua, qu'un vaccin ADN est utilisé en traitement d'induction, plutôt que pour maintenir une rémission après traitement conventionnel.
« Le traitement conventionnel par ATRA induit une rémission complète chez plus de 95 % des patients atteints de leucémie M3, mais la vaccination ADN pourrait offrir un bénéfice supplémentaire en contrôlant la maladie résiduelle », déclarent les chercheurs.
L'équipe espère pouvoir débuter des essais cliniques l'année prochaine. « Lorsque nous aurons trouvé un partenaire industriel, nous pourrons obtenir une autorisation de GTAG (manipulation génétique).  »

« Nature Medicine », 20 octobre 2003, DOI : 10.1038/nm949.

Dr Véronique NGUYEN

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7409