L’étude STAR est une étude naturalistiqueet multicentrique, réalisée dans douze pays, qui a porté sur 555 patients schizophrènes qui ont été traités pendant vingt-six semaines. Auparavant, ces patients recevaient majoritairement d’autres antipsychotiques atypiques en monothérapie (58 %), les autres étaient traités par des antipsychotiques classiques (15 %) ou des associations. Les principales raisons qui ont motivé le passage à l’aripiprazole (de 10 à 30 mg/j) sont dominées par la présence de symptômes négatifs (71 %) plus que positifs (51 %), le manque d’énergie (59 %) et la somnolence (34 %), la prise de poids (39 %) et les anomalies métaboliques (32 %). La moitié de ces patients ont été mis sous aripiprazole et l’autre moitié est restée sous traitement standard.
L’évaluation de l’efficacité a utilisé un questionnaire IAQ, un outil validé permettant d’analyser la réponse aux antipsychotiques chez les patients qui souffrent de schizophrénie et de troubles psychoaffectifs. Ce score est la somme de dix items : symptômes positifs et négatifs, somnolence, gain de poids, augmentation de la prolactine, akathisie, syndromes extrapyramidaux, cognition, énergie et humeur.
Le score IAQ était significativement corrélé avec la décision d’interruption du traitement. Après vingt-six semaines, le score était significativement inférieur (ce qui signifie une amélioration) chez les patients sous Abilify par rapport au traitement standard (25,7 versus 27,7, p < 0,001). Des résultats analogues ont été obtenus en utilisant le score d’impression clinique globale (CGI-I) : le pourcentage de patients « très nettement ou nettement améliorés » a été significativement plus élevé sous aripiprazole (44 % versus 34 %, p = 0,009).
Une meilleure tolérance métabolique
L’étude STAR a également analysé l’évolution des anomalies métaboliques qui majorent le risque cardio-vasculaire : le cholestérol total, le LDL cholestérol, les triglycérides (p < 0,001) ont été significativement abaissés sous aripiprazole ; l’augmentation du HDL cholestérol a également été significative (p = 0,028), alors que, statistiquement, les changements de la glycémie ne l’ont pas été.
Parallèlement, on a observé une diminution du poids de 1,3 kg dans le groupe Abilify, alors qu’il a augmenté de 2,1 kg dans le groupe standard (p < 0,001).
Un enjeu majeur.
Des résultats dont l’importance a été soulignée par le Pr Marc de Herdt (Louvain, Belgique), dans la mesure où plusieurs études présentées à Toronto montrent que, depuis l’apparition des antipsychotiques atypiques, la prévalence de l’obésité, du syndrome métabolique, du diabète de type 2 et des anomalies lipidiques est au moins multipliée par 2 chez les schizophrènes par rapport à la population générale (à âges égaux). La mortalité cardio-vasculaire est également multipliée par 2, ce qui explique en grande partie la diminution d’environ dix ans de l’espérance de vie des schizophrènes.
Hors, comme l’a bien montré l’étude espagnole Ricava (Dr F. Canas de Paz), les anomalies biologiques sont méconnues dans 67 à 89 % des cas, selon les paramètres étudiés, de même que l’HTA (84 % des cas) et l’obésité (57 %). Cela chez des schizophrènes connus, admis à l’hôpital pour décompensation psychiatrique aiguë.
Plus que jamais, il faut redire que le schizophrène a un coeur.
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