Un travail multicentrique international

L’étude SAINT offre un espoir dans les AVC

Publié le 08/02/2006
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LE SEUL TRAITEMENT recommandé actuellement pour la prise en charge des AVC ischémiques est la thrombolyse par altéplase, à condition de commencer dans les trois heures qui suivent le début de l’accident. Comme il ne faut pas méconnaître un saignement, une évaluation par neuro-imagerie est une nécessité absolue avant de traiter. L’ensemble de ces contraintes (imagerie et étroite fenêtre temporelle) font que le traitement est appliqué chez seulement 5 % des patients ayant un AVC ischémique.

Kennedy Lees et coll. présentent l’étude SAINT I (Stroke-Acute Ischemic NXY Treatment), la première étude d’efficacité d’un nouveau produit piégeur de radicaux libres, qui a comme nom de code NXY-059. Dans l’étude, 1 722 patients présentant un AVC ischémique ont été randomisés pour recevoir, dans les 6 heures après le début des symptômes, soit le NXY-059 en perfusion pendant 72 heures, soit un placebo. Les patients ont également reçu de l’altéplase selon les critères d’administration. Ont participé 158 hôpitaux, dans 24 pays (dont une dizaine de centres en France).

Les résultats montrent une amélioration significative du handicap à 90 jours, critère d’évaluation principal de l’étude. L’amélioration à 90 jours comparativement au groupe placebo est constatée sur l’échelle de Rankin, qui permet d’évaluer les suites d’un AVC selon une cotation de 0 (pas de symptôme résiduel) à 5 (infirmité nécessitant des soins constants). Les bénéfices ont également été observés à 7 et 30 jours, précisent les investigateurs.

En revanche, le produit n’a pas amélioré les autres marqueurs du pronostic, et notamment les fonctions neurologiques, telles qu’elles sont mesurées par l’échelle Nihss américaine (National Institute of Health Stroke Scale) : les différences entre les deux groupes n’atteignent que 0,1 point.

On observe une amélioration de 1,20 point sur l’échelle de Rankin pour tous les degrés d’atteintes (p = 0,038). Dans une étude, après coup, des patients qui ont aussi reçu de l’altéplase, on observe pour le groupe ayant eu le NXY-059 une de l’AVC (p = 0,001), ainsi que des hémorragies intracrâniennes symptomatiques (p = 0,036).

Les études chez des souris modifiées génétiquement, surexprimant les antioxydants ou au contraire déficitaires en ces composés, ont montré que le système de défense des antioxydants a un rôle essentiel dans l’étendue des dommages cérébraux après une ischémie. C’est notamment sur ces données que se sont appuyés les investigateurs : le NXY-059 est un agent qui réduit la taille de l’infarctus et préserve les fonctions cérébrales sur des modèles animaux d’AVC ischémique.

Selon les critères du groupe STAIR (Stroke Therapy Academic Industry Roundtable), le NXY-059 peut être considéré comme un agent neuroprotecteur, soulignent les auteurs de SAINT I.

« New England Journal of Medicine », 9 février 2005, pp. 588-600.

> Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7895