Au cours des dernières années, de nombreuses études épidémiologiques ont mis en évidence que les troubles du spectre bipolaire sont fréquents (5,5 %) et ont un retentissement considérable sur la vie familiale et professionnelle, avec un risque de suicide de 18,9 %.
Le début de cette maladie est précoce (vers 21 ans) mais peut apparaître à n'importe quel moment de la vie. On sait maintenant qu'elle est souvent associée à un abus de substances et aux troubles anxieux. Comme le précise le DSM IV, le spectre bipolaire inclut à côté du trouble bipolaire d'autres formes telles que le trouble bipolaire de type II et les cyclothymies.
La définition de la manie mixte - un épisode maniaque associé à un syndrome dépressif complet - a suscité des controverses dans la mesure où plusieurs études récentes ont suggéré que la coexistence de la manie avec la dépression subsyndromique représente la forme clinique la plus fréquente.
La manie mixte
Ainsi, dans l'étude EPIMAN I (1998), la manie mixte est définie par la présence simultanée d'au moins deux symptômes dépressifs chez plus d'un tiers des manies hospitalisées. Les auteurs concluent qu'elle ne représente ni une forme extrême ni un stade terminal de la manie. Par ailleurs, elle se caractérise par une moindre représentation des symptômes maniaques typiques, une fréquence accrue des éléments psychotiques et obsessionnels associés et des traits des tempéraments dépressifs et cyclothymiques.
Une nouvelle étude épidémio-clinique, EPIMAN II-Mille, avait pour objectif de vérifier et de préciser les caractéristiques de la manie mixte dans une population plus large. Il s'agit d'une étude multicentrique sous la responsabilité de 19 coordinateurs régionaux, portant sur 1 090 patients maniaques âgés de 18 à 65 ans (l'âge moyen est de 43 ans), avec une prédominance féminine (57,7 %), hospitalisés pour un épisode maniaque (DSM IV) identifié comme appartenant à un trouble bipolaire primaire. Ce dernier était connu à l'inclusion chez 68,5 % des patients et 66 % d'entre eux avaient déjà eu des hospitalisations multiples.
La dépression, facteur principal de la manie
Les premiers résultats d'EPIMAN II-Mille confirment les résultats d'EPIMAN I en ce qui concerne le facteur dépression comme premier facteur principal de la manie, la validation du seuil arbitraire d'au moins deux symptômes dépressifs associés à la manie ou le score d'au moins 6 sur l'échelle MADRS-6 et la double dimension de la mixité, à la fois émotionnelle, cognitive et psychomotrice. En outre, cette étude montre la fréquence élevée des manies psychotiques (50 %) chez des patients plus jeunes et célibataires, avec une polarité maniaque du premier épisode de la maladie, une intensité plus sévère de la symptomatologie maniaque et un abus de substances associé. Dans le sous-groupe des manies psychotiques congruentes (33,4 %), on retrouve des idées de grandeur et religieuses, une distractibilité, une logorrhée, des associations par assonances, un rôle du tempérament hyperthymique et des diagnostics antérieurs de troubles anxieux et de troubles de la personnalité. En revanche, les manies psychotiques non congruentes (sans rapport compréhensible avec l'altération de l'humeur) sont caractérisées par des phénomènes pathologiques intercritiques, des idées délirantes de persécution, de référence (impression d'être au centre du monde) ou somatiques hypocondriaques, des hallucinations auditives, des scores élevés de dépression, une grande instabilité de l'humeur, un comportement agressif, un rôle du tempérament irritable (irritabilité coléreuse, jugement limité) et des diagnostics antérieurs de schizophrénie ou d'autres troubles psychotiques.
Si les thymorégulateurs, mais aussi les antidépresseurs, sont prescrits dans les manies non psychotiques (ayant une tendance à être épisodiques), plus les manies sont non congruentes, plus les patients reçoivent les neuroleptiques, ce qui pose un certain nombre de problèmes dans le suivi de ces patients et dans l'évolution, note le Pr J.-M. Azorin.
Symposium organisé par les Laboratoires Sanofi-Synthélabo, avec la participation des Prs H. S. Allilaire (Paris), H. S. Akiskal (San Diego) et J.-M. Azorin (Marseille) et des Drs S. Lancrenon (Paris) et E. G. Hantouche (Paris)
Un axe de recherche essentiel
Les pathologies du système nerveux central constituent aujourd'hui un axe de recherche essentiel pour Sanofi-Synthélabo, avec plus de vingt molécules nouvelles en développement dans cinq domaines thérapeutiques : dépression, schizophrénie, anxiété, addictions et maladies neurodégénératives. Beaucoup de psychotropes font partie intégrante de la pratique quotidienne des psychiatres et des médecins généralistes tels que Stilnox, Tranxène ou Solian.
Plus récemment, Sanofi-Synthélabo a commercialisé Dépakote (divalproate) et s'est impliqué dans les actions visant à améliorer la charge des patients atteints de troubles bipolaires. Outre la formation des médecins à une meilleure reconnaissance de cette maladie grâce à des informations mises à jour quotidiennement sur le site Internet www.santea.com, réunions de FMC, comptes rendus de congrès et symposia, brochures et matériels (agendas de l'humeur, questionnaires), Sanofi-Synthélabo a contribué à la naissance d'une collection de documents destinés au personnel infirmier et des premiers guides pratiques pour les patients et leur entourage.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature