SI LES BENZODIAZEPINES ont permis, par rapport aux anxiolytiques historiques, une amélioration du rapport bénéfice/risque, cette classe reste cependant associée à des problèmes de diminution de la vigilance et des performances et à la survenue de troubles mnésiques.
Le Dr O. Blin, de Marseille, rapporte une étude (1) comparant les effets psychomoteurs et mnésiques de doses orales d'étifoxine (50 et 100 mg) et de lorazépam (2 mg). Elle a été menée en double aveugle, après randomisation, chez 48 sujets sains (considérés comme non anxieux après un entretien psychiatrique et évaluation du score de Hamilton). Il s'agit de 24 hommes et de 24 femmes, âgés de 18 à 35 ans, répartis selon tirage au sort en quatre groupes recevant l'un des traitements suivants : dose unique de 50 mg d'étifoxine, de 100 mg du même produit, de 2 mg de lorazépam, ou un placebo.
Une batterie de tests.
Une batterie de tests est effectuée afin d'explorer la vigilance et l'humeur, les performances psychomotrices et mnésiques. Des échelles visuelles analogiques (EVA) évaluent les aspects complémentaires de la sédation (somnolence, maladresse, fatigue...) et de l'humeur (anxiété, tristesse...). Un test de barrage (réponse adaptée à un stimulus lumineux) apprécie l'attention visuelle. Un rappel libre d'images (immédiat et différé) et un Empan de chiffres (les sujets doivent répéter une séquence de plus en plus longue de chiffres) complète cette évaluation. Toutes les mesures sont effectuées avant administration des produits, puis après la prise unique, lors du pic de concentration maximal (soit deux heures après l'ingestion pour le lorazépam, deux heures trente pour l'étifoxine).
Les résultats de cette étude montrent que la prise d'étifoxine aux deux posologies étudiées, à la différence du lorazépam, ne modifie pas significativement les indices objectifs ou subjectifs mesurés. Comparativement au placebo, on ne note pas d'altération significative du temps de réaction et on n'enregistre pas de dégradation des tests de barrage ou de mémoire.
Aucun effet indésirable grave n'est survenu au cours de l'étude. Sept sujets ont présenté des troubles mineurs, attendus et réversibles (cinq d'entre eux ont été enregistrés chez les sujets prenant du lorazépam, un dans le groupe étifoxine et un dans le groupe placebo).
Pour les auteurs, l'absence quasi complète d'effets collatéraux, constatés avec cette molécule, s'explique par sa pharmacodynamie et son mécanisme d'action spécifique. Selon les expérimentations réalisées chez l'animal, son impact sur le neurone est double : par une modulation directe des récepteurs GABA A au niveau d'un site qui lui est spécifique, et par une stimulation indirecte des récepteurs périphériques (mitochondriaux) de type benzodiazépines.
Reste à confirmer ces excellents résultats chez de véritables patients.
Un symposium organisé par les Laboratoires Biocodex, Paris.
(1) J. Micalef, C. Soubrouilard, F. Guet, M.-E. Le Guern, C. Alquier, B. Bruguerolle, O. Blin. « Fundamental & Clinical Pharmacology », 15 (2001) ; 209-216.
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