CCNE. L’avis N° 106 du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) n’a pas pour but de critiquer les plans de lutte existants, assure le Pr Alain Grimfeld, président du CCNE mais d’envisager les « questions éthiques soulevées par une possible pandémie grippale » (ou tout autre événement similaire frappant notre pays). Il n’empêche qu’apparaissent, en creux, deux insuffisances du plan pandémie grippale, selon le Pr Jean-Claude Ameisen : « la dimension européenne et internationale n’est pas assez prise en compte et le fait que le plan n’ait pas été suffisamment diffusé et sujet de discussion est un problème éthique ». Or, assure Alain Grimfeld, « la prise en compte de la dimension éthique dans un plan technique le rend perfectible ». Et pour que les choses soient bien claires aux oreilles des décideurs, le philosophe Pierre Le Coz, Vice-Président du CCNE et co-rapporteur avec Annick Alpérovitch de l’avis 106 ajoute « L’éthique conditionne l’efficacité de la stratégie. Les pouvoirs publics doivent montrer un respect de la dignité de chacun. Prouver que ce n’est pas le favoritisme, l’argent, la position sur l’organigramme social qui détermine la priorité, par exemple, de la distribution des ressources vaccinales limitées ».
L’exercice d’équilibriste du CCNE a donc consisté à réaffirmer simultanément la nécessité d’égalité (« toutes les vies se valent ») et l’équité. Car chacun sent bien que le principe d’égalité n’est pas satisfaisant à lui seul (ou alors un nombre limité de vaccins devrait être distribué par tirage au sort). Ainsi le souci de préservation de la société doit-il pondérer le souci d’égalitarisme. Deux approches se croisent pour prendre les décisions, selon Jean-Claude Ameisen, « la définition de catégories essentielles au bon fonctionnement de la société et le niveau d’exposition des individus ». Ainsi, « être prioritaire n’est pas la reconnaissance d’une valeur individuelle », insiste Alain Grimfeld.
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