LE 27 FÉVRIER a été donné le coup d'envoi de l'Année européenne de l'égalité des chances pour tous. Un thème déjà prioritaire en France où il a été déclaré, en 2006, grande cause nationale.
Sont jugées particulièrement injustes les inégalités touchant l'éducation, le logement ou la distribution des revenus et de nombreuses recherches tentent d'en évaluer l'ampleur. Dans le domaine de la santé, en revanche, les inégalités de chances restent peu explorées. L'étude* menée par l'Irdes tente, pour la première fois sur des données françaises, de mesurer la place du déterminisme social et familial sur l'état de santé. Ses auteurs s'appuient sur une série d'hypothèses qu'ils tentent de vérifier. Deux sont classiquement retrouvées dans la littérature scientifique internationale. La première suggère que les conditions de vie dans l'enfance influeraient directement sur la santé à l'âge adulte. L'effet serait direct mais se caractérisait par une grande latence. En dépit d'une programmation précoce, il pourrait rester longtemps sans expression, mais induire à plus long terme des maladies graves. Selon la deuxième hypothèse, l'effet serait indirect : les conditions de vie dans l'enfance conditionneraient le statut socio-économique futur qui lui-même a un impact significatif sur l'état de santé. Les auteurs proposent une troisième hypothèse plus originale, celle d'une «transmission intergénérationnelle de la santé». La santé est considérée comme un capital qui évolue avec l'âge et en fonction des comportements adoptés tout au long de la vie. L'état de santé d'un individu à un moment donné dépend de son capital santé initial, lui-même influencé par l'état de santé de ses parents du fait d'un patrimoine génétique commun ou d'une reproduction des mêmes comportements à risque ou aux habitudes dans le recours aux soins et la prévention.
Rôle de l'éducation.
La pertinence des trois hypothèses a été testée sur un échantillon de 2 695 Français âgés de 49 ans et plus inclus dans l'enquête européenne Share (Survey of Health, Ageing and Retirement en Europe, 2004-2005). L'état de santé mesuré est l'état perçu par les individus, au vu de leurs réponses à la question : diriez-vous que votre santé est « très bonne », « bonne », « moyenne », « mauvaise », « très mauvaise ».
Les conclusions, à l'issue d'une analyse particulièrement complexe, confirment l'influence du milieu social d'origine. Alors que la profession de la mère semble avoir un effet direct (hypothèse 1), celle du père a plutôt un effet indirect (hypothèse 2). La profession du père influence celle du descendant et la profession du descendant a un impact sur l'état de santé. Le rôle de la santé des parents est lui aussi confirmé, ce qui valide l'hypothèse d'une transmission parents-enfants.
Toutefois, «plus le diplôme obtenu par l'enquêté est élevé, plus les chances d'avoir un bon état de santé perçu augmentent», soulignent les auteurs. Le niveau d'études tend de plus à réduire l'impact des autres déterminants de la santé.
L'éducation peut donc aider à limiter la reproduction des comportements néfastes à la santé et améliorer le recours aux soins dans le cas de problèmes de santé. L'existence de «différences injustes d'état de santé justifie la mise en place de politiques adaptées visant à les réduire, par exemple des campagnes d'éducation à la santé en milieu scolaire ou le dépistage de troubles de santé durant l'enfance», concluent les auteurs.
* « Questions d'économie de la santé », n° 118, février 2007.
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