Le pouvoir actuel voudrait-il restreindre le pouvoir des élus et de la société civile dans la santé, comme l’en accusent ici les leaders de l’opposition ?
Faible dans les régions et dans les collectivités locales mais aussi convaincu que la santé est une prérogative de l’État, le gouvernement tente de contourner ses oppositions en réduisant leurs prérogatives dans l’exécutif régional de santé et dans la gouvernance des hôpitaux. On peut, certes, admettre qu’il ne veuille pas se laisser paralyser par un exécutif local que Paris soupçonne d’être toujours trop proche d’intérêts parcellaires et microcosmiques. Et toujours supposer que dans les mouvements de réorganisation et de restructurations qui se révéleront bien vite douloureux, la tentation est de passer en force et de réformer « à la baguette ».
Aussi, la composition et le fonctionnement des futures conférences régionales de santé, ultimes lieux de contre-pouvoir aux agences régionales de santé, sont donc au centre des enjeux politiques régionaux. Le débat est d’importance.
S’il est vrai que les élus n’ont jamais, à quelques exceptions près, cherché à « prendre des coûts » dans la gestion d’hôpitaux déficitaires, le poids politique du maire dans les villes hospitalières a toujours pesé dans les décisions. L’engagement des conseils régionaux dans les formations et dans l’innovation médicale, le rôle social et médico-social des départements n’ont cessé de croître avec la crise, la précarité et la compétition économique. Ces investissements ne peuvent plus être effacés d’un revers de plume et ont donné des idées aux élus locaux.
En fait, la santé est devenue un vrai sujet politique qui commence à intéresser nos concitoyens. Les hommes politiques régionaux l’ont compris, avec parfois un peu de retard. Ils veulent prendre maintenant part aux décisions. Surtout quand ils en ont les moyens.
En mettant en avant les maisons de santé, les questions de permanence des soins, les territoires, le gouvernement a semé une graine… qui n’est pas prête de mourir.
Pour l’instant, dans cette période d’élections régionales, la question est : qui va la récolter ?
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