L'essor de la navigation en chirurgie orthopédique

Publié le 09/01/2002
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REFERENCE

Variations anatomiques et erreurs d'appréciation

Si l'éducation anatomique de nombreuses générations de chirurgiens orthopédistes a permis, au fil de décennies d'expérience, de réaliser des interventions squelettiques de mieux en mieux réglées et ciblées et de moins en moins traumatisantes pour les structures environnantes (muscles, vaisseaux, nerfs), elle n'a pu pas totalement libérer le chirurgien des aléas de la variation anatomique individuelle et/ou d'éventuelles erreurs d'appréciation de la correction lésionnelle qu'il effectue.

Radiographie ou radioscopie

Pour tenir compte de cette variabilité, la chirurgie orthopédique fait appel à la radiographie ou au contrôle radioscopique à l'amplificateur de brillance.
Ces outils sont toutefois coûteux en temps opératoire, cumulatifs en risque d'exposition pour le chirurgien, et enfin, quelquefois, approximatifs, trompeurs, ou d'interprétation difficile du fait de superpositions intrinsèques ou extrinsèques.

Un modèle de la structure opérée

Si l'ordinateur parvient à générer un modèle fiable (représentation virtuelle) de la structure opérée, le chirurgien peut en quelque sorte simuler son acte sur ce modèle et ne le réaliser qu'une fois qu'il est parfaitement optimisé.
L'ordinateur doit donc être également en mesure de montrer les progrès de l'action en cours en intégrant l'analyse en temps réel du geste du chirurgien et son interaction avec le modèle.

L'ordinateur

L'ordinateur fournit une représentation aisément interprétable par le chirurgien, un peu comme si un système de guidage extérieur fournissait à un conducteur la schématisation de son plan de route au fur et à mesure de sa progression.

Reconstitution tridimensionnelle

L'imagerie moderne (essentiellement le scanner pour les éléments squelettiques) permet, avec de plus en plus de précision, la reconstitution tridimensionnelle de l'anatomie radiographiée.
Une fois enregistrée, dans ses moindres détails, cette anatomie strictement individuelle, il convient de l'assimiler à un modèle donné, préexistant, sélectionné parmi la multitude de modèles thésaurisés dans l'ordinateur.

Le couplage du réel au virtuel

Cette étape de couplage du réel (individuel radiographié) avec le modèle virtuel le plus approchant constitue en quelque sorte l'étalonnage ou le calibrage du modèle virtuel sur lequel l'opérateur va pouvoir projeter son geste au prix de la moindre distorsion artificielle.
Cette étape de calibrage est la première démarche incontournable dans la réalisation pratique du geste chirurgical assisté (et/ou éventuellement contrôlé ou piloté) par l'ordinateur.

Balises de repérage

Le segment du squelette opéré et les instruments opératoires permettant de travailler sur ce segment (instrumentation ancillaire) peuvent être dotés de balises de repérage (ou localisateurs), qui font l'objet soit d'un suivi direct optique par l'objectif d'une caméra infrarouge, soit d'un suivi indirect par télécommunication ultrafréquentielle. Les équipes chirurgicales utilisant la navigation se familiarisent au fur et à mesure de leur expérience avec ces étapes préalables à la mise en place d'une navigation fiable, et cette mise en place finit par être de moins en moins coûteuse en temps opératoire.

Rachis, genou

L'expérience pratique de la navigation en chirurgie orthopédique a commencé dans des domaines où une erreur infime de geste chirurgical générait une grave complication : par exemple, en chirurgie rachidienne, la sortie d'une vis dans le canal rachidien pouvait se solder par une lésion neurologique grave. Petit à petit, l'idée d'élargir l'usage de la navigation à la pose de certaines pièces prothétiques (genou) s'est fait jour, avant de devenir réalité quotidienne. La navigation permet ainsi à l'industrie de rendre encore plus rigoureuses les règles d'implantation chirurgicale. Même si la navigation en chirurgie orthopédique n'est pas à ce jour généralisée, elle risque dans les années à venir d'être de plus en plus fréquemment utilisée.

Tel Aviv. Chapitre SOFCOT du 21e Congrès de l'Association israélienne d'orthopédie (sous le patronage de son excellence Jacques Hutzinger [ambassadeur de France] et de l'attaché scientifique français, Pierre-Charles Porcher). Avec les Prs et Drs L. Pidhorz (Angers), L. Sedel (Paris), H. Bensahel (Paris), R.-N. Nizard (Paris), R.-D. Zeller (Paris), C. Msika (Paris), P. Achach (Paris), C. Cadu (Angers), Ch. Cuny (Metz), D. Attia (Montélimar), S. Romano (Paris), P. Houvet (Paris), M. Soudry , C. Tauber.

Pr Charles MSIKA

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7041