REFERENCE
Dans les cancers thyroïdiens, l'iode 131 permet de traiter de façon adjuvante le tissu péritumoral résiduel après exérèse chirurgicale complète du cancer thyroïdien, mais aussi ses métastases. Il peut par ailleurs représenter, pour les hyperthyroïdies, un traitement unique de la maladie chez des personnes ayant des difficultés à suivre un traitement au long cours par les antithyroïdiens de synthèse.
Dans la maladie de Vaquez, le phosphore 32, en se fixant dans la moelle osseuse et principalement dans les érythroblastes, va permettre une diminution de leur production. De même, la MIBG, ou métaiodobenzylguanidine, marquée à l'iode 131 est utilisée dans le traitement des tumeurs neuro-ectodermiques, phéochromocytomes et neuroblastomes.
En ce qui concerne le traitement palliatif, l'indication est celle du traitement symptomatique des douleurs induites par les métastases osseuses des cancers, en association ou en alternative à la radiothérapie externe et/ou aux traitements antalgiques majeurs comme la morphine et ses dérivés. Elle est réalisable essentiellement par l'utilisation de deux substances radioactives actuellement autorisées sur le marché : le chlorure de strontium-89 (89Sr) ou Metastron, et le samarium-153-éthylène diamine tétraméthylène diphosphonate (153Sm-EDTMP), ou Quadramet.
Le chlorure de strontium-89, qui se comporte comme un analogue du calcium, est utilisé dans le cancer de la prostate. Il est capté de façon sélective par les sites de métabolisme calcique élevé et possède une émission bêta pure. Son efficacité est de l'ordre de 80 à 85 % et retarde l'apparition de nouveaux sites douloureux. Son effet, qui apparaît en un mois, se prolonge quatre à douze mois.
Le samarium-153-EDTMP présente quasiment les mêmes caractéristiques mais possède en plus de l'émission bêta un rayonnement gamma qui permet l'obtention d'images. Son affinité, grâce au ligand phosphonate, est très forte pour le tissu osseux, et il est utilisé avec une efficacité similaire dans les cancers du sein et de la prostate. Son effet apparaît en deux semaines et dure plus de quatre mois.
Pour chacun, le mode d'utilisation est simple : après respect des contre-indications qui sont essentiellement une myélosuppression préexistante, la femme enceinte ou allaitante, et précautions par la réalisation d'une scintigraphie osseuse pour cartographier les cibles, une injection intraveineuse lente unique est pratiquée chez un patient ambulatoire dans le service de médecine nucléaire dans lequel il est maintenu environ six à huit heures. Pendant ce temps, une surveillance est assurée, ainsi que la conservation des urines radioactives. Les effets secondaires observés sont principalement la survenue d'une hypoplasie médullaire (thrombopénie, leucopénie) avec un nadir aux alentours du 15e jour, parfois une recrudescence transitoire des douleurs et aussi une impotence fonctionnelle sur des tassements vertébraux néoplasiques.
@SY:Expérimentations
Dans un but curatif, d'autres traceurs actuellement sans autorisation de mise sur le marché seront utilisés, tels que le rhénium-186 (186Re), qui est un émetteur bêta et gamma dans les cancers du sein et de la prostate. Les anticorps monoclonaux marqués au rhénium-186 et à l'ytrium 90 anti-ACE permettent une régression des métastases des cancers digestifs. De même, citons les anticorps anti-CD20, utilisés dans la radio-immunothérapie des lymphomes non hodgkiniens, pour lesquels les taux de réponse en première intention avoisinent 70 à 80 % et représentent un grand espoir pour leur traitement futur.
En conclusion, la radiothérapie métabolique représente un traitement intéressant des tumeurs malignes. Son coût est élevé mais son utilisation est simple et peut être répétée sans risque majeur pour les patients, et permet d'améliorer la qualité de vie des patients atteints de métastases osseuses douloureuses, quand elle n'est pas curative. De façon rapprochée, la radio-immunothérapie est porteuse d'espoir pour le traitement des lymphomes non hodgkiniens.
Propos recueillis auprès du Pr Jean-Luc Moretti (chef de service de médecine nucléaire, hôpital Avicenne, Bobigny).
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