DEPUIS LE DÉBUT de l’épidémie d’encéphalopathie spongiforme, des études ont prouvé que cette maladie, dans sa forme naturelle ou expérimentale, peut être transmise par transfusion sanguine. Chez l’homme, trois cas ont déjà été décrits et, en raison de la durée d’infection asymptomatique particulièrement prolongée de la maladie, ce nombre pourrait croître dans les années à venir. Actuellement, les transfusions de globules rouges sont dans leur ensemble effectuées – selon les principes d’extrême nécessité mis en vigueur récemment – avec des concentrés globulaires déleucocytés. Des données expérimentales ont permis de prouver que cette technique réduit de 42 à 72 % d’infectivité un sérum de hamster contaminé. Cette variabilité pourrait être en rapport avec le délai d’utilisation de la technique de déleucocytation ou sa méthode de réalisation mais aussi avec d’autres facteurs individuels tels qu’une variabilité naturelle d’infectivité selon les individus ou une modification de la stabilité des associations du prion aux globules blancs.
Selon la dernière estimation en date, 4 000 personnes dans le monde pourraient être atteintes par le nouveau variant de la MCJ et seulement près de 200 ont été diagnostiquées à ce jour. Or tous les sujets infectés, même s’ils sont en phase clinique latente, sont susceptibles de transmettre la maladie par le biais d’une transfusion ou d’une greffe d’organe.
C’est pour cette raison que l’équipe du Dr Luisa Gergori (Baltimore) a choisi de travailler sur une banque de données de plusieurs millions de ligands qui pourraient être dotés d’une faculté à se lier avec le prion normal ou pathologique et qui, de ce fait, pourraient être utilisés dans le cadre de mesures de prévention de la transmission de l’agent infectieux.
Le sang de hamsters infectés.
Dans un premier temps, l’équipe a sélectionné 7 résines et les a testées à l’aide de sang de hamsters infectés de façon expérimentale par la scrapie (263 K). Trois résines ont donné les résultats les plus satisfaisants permettant de réduire d’un facteur 10 puissance 9 le degré d’infectivité. Les auteurs ont choisi de tester plus spécifiquement deux résines : L13, un peptide ligand synthétique, et L13 A, une résine de composition très proche et qui peut être produite à large échelle.
Pour cela, ils ont prélevé chez 130 hamsters symptomatiques infectés expérimentalement par voie intracrânienne et ils ont regroupé les prélèvements afin d’obtenir une poche de sang de 500 ml environ. Après avoir procédé à l’extraction de 15 ml de sang pour en analyser le potentiel infectieux, le reste du prélèvement a été déleucocyté. Là encore, 15 ml de concentré déleucocyté a été prélevé et injecté à un hamster pour confirmer le potentiel infectieux du prélèvement. Injecté à 99 animaux, ce sang a induit la maladie chez 15 d’entre eux.
La poche sanguine a ensuite été divisée en quatre : une partie a été passée une fois sur la résine L13, une deuxième deux fois sur la même résine et les deux autres quarts ont été testés de façon similaire avec la résine L13 A. Le concentré L13 passé une fois a été injecté à 99 animaux : il a induit 2 infections alors que le concentré filtré deux fois n’a pas causé la mort des 96 hamsters qui ont été suivis 540 jours après l’injection intracérébrale des globules rouges.
Avec la résine L13 A les résultats ont été similaires : 3 animaux infectés avec du sang passé une fois et aucun avec le sang filtré à deux reprises. L’analyse des concentrés globulaires a confirmé les capacités de liaison des différentes résines pour le prion normal et anormal. Avec du sang complet fortement infecté – comme c’est le cas lorsqu’il existe des lésions cérébrales chez l’homme –, il est nécessaire d’utiliser 330 ml de résine pour obtenir une liaison efficace du prion, alors que 20 à 30 ml sont suffisants pour obtenir une efficacité optimale avec du sang de hamster infecté expérimentalement et déleucocyté.
Dans un éditorial, le Dr Marc Turner (Edimbourg) souligne que ce type de dispositif, bien qu’il soit actif sur l’infection par prion, pourrait accroître les pertes globulaires dans l’espace mort du filtre et pourrait alerter l’antigénicité ou des propriétés de membranes des hématies.
« The Lancet », vol. 368, pp. 2190-2191 et 2226-2230, 23-30 décembre 2006.
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