L ES lésions méniscales peuvent être observées dans trois circonstances : chez les joueurs adolescents où elles sont très rares et surviennent sur des malformations méniscales, chez le joueur plus âgé où elles font suite à des traumatismes avérés en rotation, en flexion ou sur des glissades et, plus tard, chez le joueur de 40 ans et plus où les lésions du genou sont plutôt dégénératives. Chez le vétéran, les lésions méniscales sont souvent associés à une arthrose, quelle que soit son importance.
Le rôle important des ménisques
Comme le rappelle le Dr Gilles Daubinet, président de la commission médicale de la Fédération française de tennis et médecin de l'équipe de France féminine de tennis, « le ménisque est particulièrement impliqué dans la biomécanique du genou puisqu'il joue à la fois un rôle d'amortisseur, de répartiteur de pression et de stabilisateur articulaire. Il transmet également 50 à 100 % de la force transmise par les genoux (qui représente deux à quatre fois le poids du corps). Les traumatismes surviennent dans les contextes où le rôle des ménisques est prépondérant, par des mécanismes en compression ou en cisaillement lors des appuis-rotation ou des freinages en demi-flexion (glissades). En outre, seuls le tiers périphérique du ménisque et les cornes antérieure et postérieure sont vascularisées et innervées, ce qui fait que les lésions ne deviennent douloureuses que lorsqu'elles sont relativement importantes. »
A l'examen clinique, la douleur interne ou externe (selon le ménisque) peut être accompagnée de blocage, d'accrochage, de gonflement et parfois de sensation d'instabilité lorsqu'un fragment de ménisque est mobile. Il s'agit donc des signes cliniques habituels, sans particularité au joueur de tennis, mais il est important de vérifier la bonne stabilité ligamentaire ainsi que l'absence de signe fémoro-patellaire. En outre, on s'attachera chez le jeune joueur à rechercher une ostéochondrite ou ostéochondrose des condyles qui sont un des diagnostics différentiels.
Parallèlement, le bilan par l'imagerie est indispensable pour apporter la preuve de la lésion. Il est possible de se contenter d'une arthrographie chez les jeunes joueurs, hormis les cas où une lésion méniscale externe est suspectée, auquel cas une IRM est alors le meilleur examen. En ce qui concerne les lésions dégénératives des joueurs plus âgés, il est préférable de demander une IRM car elle montre non seulement la lésion méniscale mais aussi la qualité osseuse.
Une hospitalisation de courte durée
« Aucune ménisectomie n'est anodine et un bilan ligamentaire, fémoro-patellaire et du morphotype s'impose avant toute ménisectomie, explique le Dr G. Daubinet. La ménisectomie n'est envisagée qu'après échec du traitement médical (repos, AINS, rééducation pendant trois semaines),et si l'imagerie a confirmé le diagnostic. Mais il faut être très économe en matière de ménisectomie, notamment chez les jeunes joueurs, afin de garder un maximum de ménisque sain et éviter des conséquences à long terme, en particulier l'arthrose. »
En pratique, la ménisectomie arthroscopique requiert une hospitalisation très courte (en ambulatoire ou sur 48 heures). Et précise le Dr Daubinet, « une grande prudence s'impose dans les suites opératoires, à savoir aucune reprise du sport n'est autorisée pendant 3 à 4 semaines. Une vigilance encore plus grande s'impose dans le cas d'une ménisectomie externe où 4 à 8 semaines de repos sont nécessaires avant d'autoriser la reprise du tennis. En outre, la rééducation est nécessaire afin de renforcer les muscles et rendre le sens proprioceptif de l'articulation ». En pratique, trois paramètres sont indispensables pour la reprise du tennis, à savoir l'indolence, l'absence d'un épanchement et la récupération d'un volume musculaire normal. Par ailleurs, le résultat de l'intervention peut être compromis par certains paramètres péjoratifs tels que la durée de la symptomatologie pré-opératoire, le morphotype, l'existence d'une chondropathie, l'âge du sujet au moment de la ménisectomie, la ménisectomie externe et le non-respect des critères de reprise du sport. A plus long terme, les différentes séries de la littérature montrent que 10 à 20 % des genoux redeviennent symptomatiques après 5 à 10 ans et 20 à 50 % présentent un remodelé arthrosique, pourcentage qui augmente avec le temps. Ces résultats à long terme soulignent donc un taux non négligeable de dégénérescence arthrosique, sachant que l'apparition des signes cliniques et radiologiques varie en fonction du recul postopératoire et de l'âge du patient au moment de la ménisectomie.
D'après un entretien avec le Dr Gilles Daubinet, président de la commission médicale de la Fédération française de tennis et médecin de l'équipe de France féminine de tennis.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature