L'INCIDENCE de l'hépatite A a fortement diminué au cours des dernières décennies grâce, en particulier, à l'amélioration des conditions d'hygiène. D'évolution le plus souvent favorable, l'infection peut être sévère chez l'adulte – la létalité de l'hépatite fulminante est estimée à 0,1 % - 0,3 %, voire 1,8 % parmi les plus de 50 ans. En raison de sa gravité potentielle, du risque épidémique et de l'existence d'un vaccin efficace, les autorités ont décidé de remettre en place un système de surveillance nationale. La déclaration obligatoire (DO), qui avait été supprimée en 1984, a été rétablie en novembre 2005.
Les données publiées par le « BEH », les premières depuis le rétablissement de la DO, confirment le faible niveau d'endémicité en France. En 2006, 1 313 cas ont été notifiés par les biologistes ou les médecins (1 295 en France métropolitaine et 18 dans les départements d'outre-mer, dont 11 à la Réunion). Le taux d'incidence de 2,15 cas pour 100 000 habitants est proche de celui observé dans d'autres pays européens.
Cependant, la répartition géographique est inégale : six départements n'ont enregistré aucun cas (Ardennes, Haute-Corse, Côte-d'Or, Doubs, Haute-Marne, Vendée) ; quatre ont recensé plus de 50 cas (Bouches-du-Rhône, Hérault, Puy-de-Dôme, Rhône). Les plus fortes incidences (plus de 10 cas pour 100 000 habitants) ont été notifiées dans le Puy-de-Dôme (17,5), l'Indre (15,6) et le Cantal (10,1).
Septembre-octobre.
Près d'un tiers des cas ont été déclarés au cours des mois de septembre et octobre, plutôt chez des patients jeunes (moyenne d'âge de 22,6 ans avec une répartition allant de 1 à 99 ans), mais avec une sévérité plus grande chez l'adulte. Le taux d'hospitalisation était de 33 % chez les moins de 16 ans et de 50 % chez les plus de 50 ans. Dans 76 % des cas, un ictère était présent, associé ou non à des symptômes non spécifiques (asthénie, anorexie, fièvre, vomissements, douleurs abdominales, diarrhée) ; dans 20 % des cas, seuls étaient présents les symptômes associés, et dans 4 % il n'y avait ni ictère ni symptôme.
Les épisodes de cas groupés, qui représentent près de 29 % (376) des infections, sont survenus dans des populations de gens du voyage vivant dans des conditions sanitaires précaires ou chez des enfants en collectivité.
Les expositions à risque sont en général bien documentées sur les fiches de DO, – 3 % d'entre elles cependant n'avaient aucune information. Ce sont principalement la présence d'un cas dans l'entourage (48 %, dont 75 % dans la famille) et le séjour hors métropole (Maghreb, Afrique subsaharienne, Europe du Sud et de l'Est) dans les deux à six semaines précédent le diagnostic (41 % des cas). Dans la plupart des cas, une transmission interhumaine favorisée par de mauvaises conditions sanitaires a été mise en évidence. Les contaminations se font par contact direct de personne à personne ; l'ingestion de fruits de mer, le plus souvent des huîtres, est à l'origine des contaminations indirectes.
Les nouvelles données devraient permettre d'orienter les mesures de prévention. Elles sont l'occasion de rappeler que la vaccination contre l'hépatite A est recommandée chez les adultes non immunisés et les enfants de plus d'un an qui voyagent en zone d'endémie. «Certains voyageurs peuvent ne pas se percevoir comme à risque pour eux-mêmes ou leurs enfants en particulier, les personnes originaires d'un pays de haute endémicité qui retournent dans leur pays d'origine pour les vacances d'été», soulignent les auteurs du bilan. Le comité technique de vaccination pourrait, au vu des données, discuter une adaptation de la politique vaccinale. A Amsterdam, par exemple, une vaccination ciblée est proposée depuis 1998 aux enfants âgés de moins de 16 ans d'origine turque ou marocaine. La vaccination autour d'un cas dans une famille ou lors de cas groupés pourrait également être discutée.
L'Europe, peu touchée
En 2006, l'incidence des cas notifiés en France métropolitaine d'hépatite A est estimée à 2,15 cas pour 100 000 habitants. Un taux qui place la France parmi les pays de basse endémicité, au même niveau que d'autres pays européens :
– Suisse : 2,30 ;
– Allemagne : 2,06 ;
– Angleterre et le Pays de Galles : 1,96 ;
– Espagne : 1,92 ;
– Danemark : 1,36 ;
– Pays-Bas : 1,60.
Les trois derniers pays ont une incidence plus faible, mais il faut souligner que la définition des cas (pour la France : présence d'IgM anti-VHA dans le sérum) n'est pas uniforme d'un pays à l'autre.
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