LES FEMMES sont autant exposées à la violence dans leur ménage qu'en dehors, confirme l'enquête « Cadre de vie et sécurité » menée par l'INSEE au début de 2007. Ainsi, 3,3 % des femmes âgées de 18 à 59 ans ont déclaré avoir subi en 2005 ou 2006 au moins une agression physique ou sexuelle de la part d'une personne vivant avec elles et elles sont 3,4 % à en avoir subi en dehors de leur ménage.
En proportion, les premières violences auxquelles les femmes sont confrontées sont les violences verbales, telles qu'injures (16,9 %) et menaces (5,5 %). Viennent ensuite les violences physiques au sein du ménage (3 %) ou à l'extérieur (2,5 %) et, enfin, les agressions sexuelles à l'extérieur (1,5 %) et dans le ménage (0,7 %).
Dans le ménage, la violence physique est nettement plus fréquente que la violence sexuelle. Parmi les femmes qui reçoivent des coups chez elles, 12 % sont aussi victimes de viols, alors que 50 % des femmes qui ont été violées par un homme qui partage leur logement sont également agressées physiquement.
Pour les agressions sexuelles à l'intérieur du ménage, l'agresseur est le conjoint trois fois sur quatre ; à l'extérieur, c'est l'ex-conjoint une fois sur cinq ou un « ami » dans 16 % des cas, et, dans la moitié des cas, la victime le connaissait.
L'étude ne néglige pas d'autres violences envers les femmes : les injures sexistes (6 % des femmes), les caresses, baisers et autres gestes déplacés (5,9 %), qui ont pour cadre le lieu de travail dans un quart des cas.
Les agressions sexuelles et les violences domestiques se rencontrent dans tous les milieux, mais sont plus fréquentes dans les milieux à faible niveau scolaire. Parmi les femmes sans diplôme, il y a près de cinq fois plus de victimes d'agressions sexuelles en dehors du ménage que chez les plus diplômées et trois fois plus pour les violences domestiques. Les agresseurs sont également le plus souvent faiblement diplômés.
Si les victimes disent faire plutôt confiance à la police, très peu y ont eu recours : 12 % seulement pour les violences physiques, 8 % pour les violences sexuelles. Le plus souvent, les violences graves ne se racontent pas : un cinquième des victimes de violences sexuelles n'ont pas porté plainte, ni enregistré de main courante, ni parlé à qui que ce soit (ami, médecin ou association). Quand les femmes se confient, c'est plus souvent à un proche ou à un ami ou à un professionnel (19 % des cas) qu'à la police. «Tout se passe comme si elles cherchaient davantage à être comprises et soignées que vengées, ou comme si elles n'avaient pas confiance dans les chances de voir leur agresseur puni», commentent les auteurs de l'étude.
Et les hommes ? Ils sont plus souvent victimes de violences physiques et de vols avec violence que les femmes. Quant aux violences conjugales, «moins nombreux que les femmes, ils les taisent encore plus certainement».
« INSEE Première », n° 1180, février.
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