CONGRES HEBDO
P LUSIEURS études épidémiologiques (1) indiquent que les buveurs de thé noir ont un risque diminué de développer une maladie cardio-vasculaire.
Le thé est en effet riche en molécules phytochimiques bioactives, notamment des catéchines et des flavonoïdes, puissants antioxydants ; ces derniers éviteraient les dommages tissulaires liés à l'oxydation et associés à la maladie cardio-vasculaire. Le thé pourrait ainsi influencer les fonctions hématologiques, notamment l'agrégation plaquettaire dont le rôle dans la formation des lésions athérothrombotiques n'est plus à démontrer. Le thé aurait-il alors un rôle préventif vis-à-vis des maladies cardio-vasculaires grâce à un mécanisme antithrombotique ?
Un essai en cross over
Ce mécanisme focalise aujourd'hui l'intérêt de certains chercheurs qui se passionnent pour ce breuvage. Vingt hommes et femmes sains, fumeurs et non fumeurs, ont été inclus dans un essai contrôle en double aveugle, en cross over, présenté par le Dr Myron Gross (Minnesota). Les patients âgés de 20 à 50 ans, étaient tous soumis à un régime pauvre en flavonoïdes. Les sujets devaient boire du thé ou un thé-like placebo à raison de 6 tasses de thé noir par jour durant quatre semaines consécutives. L'agrégation plaquettaire et la P-sélectine ont été mesurées de façon hebdomadaire. L'agrégation plaquettaire était induite in vitro notamment par différentes concentrations de collagène, d'ADP....
Les sujets adhéraient aux nouvelles mesures diététiques : ils devaient réduire leur alimentation riche en flavonoïdes, diminuer la consommation de fruits et de légumes, la prise d'alcool, éviter la prise de médicament.
Une diminution de l'agrégation plaquettaire
Un tel régime en thé réduit l'agrégation plaquettaire induite par le collagène (4 mM) approximativement de 15 % (p < 0,05). Les expériences avec des concentrations de 2 et 10 mM de collagène corroboraient les précédents résultats. Par contre, l'agrégation plaquettaire induite par l'ADP était inchangée par le « régime thé ».
Les concentrations plasmatiques en P-sélectine, marqueur biologique de l'activation plaquettaire, étaient significativement (p < 0,05) plus basses (12 %) parmi les buveurs de thé comparativement au groupe placebo. L'effet d'un tel régime en thé sur l'agrégation plaquettaire apparaît dépendant du temps, car il nécessite plusieurs semaines avant d'être mesurable.
Ces résultats suggèrent, selon les auteurs de ces travaux, un effet modéré du thé et de ses métabolites sur l'activité plaquettaire in vivo. La modulation de l'activité plaquettaire pourrait, selon les chercheurs les plus optimistes, si elle se vérifie, contribuer à diminuer le risque de maladies cardio-vasculaires. Mais de nouvelles études sont nécessaires pour confirmer ces résultats. Elle doivent notamment répondre à différentes questions, et plus précisément : existe-t-il un effet dose ? Déterminer l'évolution au cours du temps ? Connaître les influences du régime alimentaire sur l'action du thé ? pour pouvoir envisager d'éventuelles recommandations sur la consommation du thé.
D'après les communications du Dr Catherine Rice-Evans (King's College, Londres) et le Dr Myron Gross (université du Minnesota, Etats-Unis).
(1) Sesso H. D. et coll. Coffee and Tea Intake and the Risk of Myocardial Infarction. « American Journal of Epidemiology », 149 : 162-167, 1999.
Le bénéfice de trois tasses de thé par jour
Leonore Arab et coll. (université de l'Etat de Caroline du Nord, Etats-Unis) ont mené une analyse sur les effets du thé sur la population nord-américaine en utilisant les résultats d'une métaanalyse de la consommation de thé et la survenue d'AVC, d'infarctus du myocarde et de maladie coronarienne. Les associations entre thé et AVC, thé et maladie coronarienne étaient très variables. E revanche, sept études ont montré que le risque relatif estimé en ce qui concerne l'infarctus du myocarde était a peu près homogène (homogénéité, p = 0,20). A partir des résultats de la métaanalyse, les auteurs ont trouvé que le taux d'incidence d'infarctus du myocarde était diminué d'environ 11 % chez les patients consommant trois tasses de thé par jour comparativement aux non-consommateurs de thé. Cet effet cardioprotecteur lié au thé est surtout observé en Europe continentale, alors que des effets moins probants sont observés aux Etats-Unis et, étonnamment, une augmentation du risque de maladie coronarienne est observée chez les Anglais, grand consommateur de thé. Selon les auteurs, la limitation dans l'interprétation et l'évaluation de ces études serait liée aux variations d'exposition.
D'après la communication de Leonore Arab et coll. (université de l'Etat de Caroline du Nord, Etats-Unis).
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