Les Verts organisent samedi à Paris, à l'Assemblée nationale, leur convention santé, qui sera surtout consacrée à la réforme du système de santé et du système de protection sociale que le gouvernement Raffarin doit présenter à l'automne prochain.
Pour les Verts, en tout état de cause, le système actuel est mauvais : les inégalités sont flagrantes et les dépenses explosent. D'où la nécessité d'une réforme de fond. Mais, selon les responsables écologiques, « le gouvernement prépare une réforme qui s'annonce clairement comme étant d'essence libérale : le gros risque couvert par les régimes obligatoires et un système complémentaire prenant de plus en plus de poids dans la couverture des dépenses de santé et ouvert plus largement aux assurances privées ».
Un projet, selon les écologistes, qui est largement inspiré par le Medef et la Fédération des sociétés d'assurances.
« Il n'y pas de fatalité libérale et il existe une alternative progressiste aux grands problèmes de la société française », répondent les Verts qui comptent sur leur réunion de demain pour lancer les premières pistes d'une réforme qui préservera « le principe de solidarité, tout en répondant aux besoins de santé publique ».
Triple enjeu
Une réforme qui devra répondre « à un triple enjeu : sanitaire, démocratique et économique ».
Enjeu sanitaire, dans la mesure où la réforme devra prendra en compte l'évolution des problèmes de santé que rencontre la population, qui ne sont plus exactement les mêmes qu'il y seulement quelques années. Dans le même esprit, il faudra s'attacher à résoudre les inégalités entre les régions et les catégories sociales.
Il s'agira également de faire évoluer le système des soins, d'atténuer les déséquilibres entre l'hôpital et la médecine de proximité. Cela suppose entre autres, n'hésitent pas à préconiser les Verts, de « remettre en cause le paiement à l'acte et l'exercice individuel ». Un enjeu démocratique aussi, car il s'agit de régionaliser le système de santé : les besoins ne sont pas les mêmes, par exemple, dans le Nord - Pas-de Calais et en Midi-Pyrénées. Les Verts proposent la création d'un système régional de santé et de trois agences : offre de soins, santé environnementale et professionnelle, éducation et promotion de la santé, dont les conseils d'administration seraient élus.<\!p>Si c'est au niveau local qu'il faut décider de répondre aux besoins de santé, « il faut cependant que de solides garde-fous soient mis au niveau national pour maintenir la solidarité ».
Enfin, enjeu économique : s'il n'est pas choquant en soi, expliquent les Verts, que le coût de la santé progresse à un taux supérieur à celui de la croissance de la richesse, il faut s'assurer que cette progression corresponde à de réels progrès sanitaires et à réduire les inégalités. Ce qui, pour eux, n'est pas évident. Preuve, écrivent-ils : les dépenses de médicaments progressent sur un rythme annuel de 10 %, alors que ce secteur « ne contribue que marginalement (sic) à atteindre les objectifs de santé définis. »
Rétablir la gabelle
Les Verts proposent d'appliquer le principe pollueur-payeur. Certes, il faut faire payer l'industrie du tabac, mais elle ne doit pas être la seule. Ils se prononcent carrément pour le rétablissement de la gabelle, l'impôt sur le sel, « puisque l'excès de sel est responsable de 25 000 morts par hypertension par an, ce qui est la responsabilité directe de l'industrie agroalimentaire ». Le parti dirigé par Gilles Lemaire est également partisan d'élargir la CSG à l'ensemble des revenus en la rendant progressive.
Enfin, on retiendra que les Verts estiment qu'une réforme de cette importance ne peut s'envisager sans un large débat. Un débat qui pourrait se conclure, expliquent-ils, par un référendum.
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