En perpétuelle croissance (67 millions de transports prescrits en 2010), l’activité du transport sanitaire fait l’objet d’une attention particulière de l’assurance maladie depuis quelques années. Outre l’optimisation des prescriptions de transports, un autre axe d’amélioration est étudié : le transport partagé. Autrement dit, le covoiturage. « Sur le papier, cette démarche qui concerne le transport assis par véhicule sanitaire léger (VSL) est possible depuis des années, affirme Thierry Schifano, président de la FNTS1. Mais les choses commencent à s’accélérer. » Et pour cause : l’expérimentation qu’a conduit l’assurance maladie avec la FNTS auprès de plusieurs établissements privés de Paca a porté ses fruits.
Économies et épargne kilométrique
La clinique Rosemond (Marseille) possède un pôle de rééducation fonctionnelle qui a testé le principe du transport partagé : en moyenne, il lui a permis de générer une économie trimestrielle de 15 000 euros et 35 000 kilomètres. Idem pour la polyclinique Rambot (Aix-en-Provence) : elle a épargné 3 500 euros sur les 20 000 euros trimestriels des transports VSL prescrits aux patients recevant des cures de chimiothérapie. « C’est une économie nette pour la Sécurité sociale et la confirmation de l’intérêt d’une vraie action citoyenne », se félicite Jean-Marc Carreras, directeur général de la clinique marseillaise. Sans compter le bénéfice pour les patients : « À raison de cinq séances par semaine, les patients covoiturés finissent par se connaître et se motivent les uns les autres. » Même constat à Aix : « Nous avions peur de l’acceptation des patients sur le principe, mais une véritable solidarité s’installe entre personnes covoiturées », assure le directeur général Claire Ravier.
Un travail logistique
Pour autant, la mise en place du covoiturage ne s’improvise pas : selon Thierry Shifano, « les services les plus aptes à développer le transport partagé sont ceux qui assurent des traitements itératifs : hémodialyse, chimiothérapie, radiothérapie ou rééducation fonctionnelle ». Viennent ensuite l’information et l’acceptation des patients, ainsi que la sensibilisation des soignants afin que les séances de soins des personnes covoiturées soient synchronisées. « Cela demande donc l’optimisation des plateaux et des durées de prise en charge », affirme Jean-Marc Carreras. Dans toutes les expérimentations qui ont été conduites, une convention a été signée entre le transporteur, l’assurance maladie et l’établissement ; le travail de planification était assuré par un logisticien de la société de transport sanitaire. Une tâche essentielle pour huiler les rouages du système. Indirectement, constate Claire Ravier, « l’optimisation du transport a permis d’optimiser aussi le rythme des places en chimiothérapie grâce au roulement facilité des sorties ».
Difficile planification
En MCO, l’approche est plus difficile à mettre en œuvre. Le centre hospitalier de Martigues a mis en place en 2008 un salon de sortie pour les personnes valides, autonomes et non démentes, un dispositif permettant de faire la transition entre la libération de la chambre proprement dite et la sortie de l’établissement et in fine de désengorger les urgences. Nathalie Bourbon, responsable du service transport, explique : « Le covoiturage est plus complexe avec les soins MCO parce que les proches peuvent plus souvent se charger du transport et parce qu’il est plus difficile d’anticiper et de synchroniser les sorties. C’est dans le domaine des consultations à l’extérieur pour des patients hospitalisés que nous avons un meilleur taux de partage de VSL. Mais cela fait partie de nos priorités. »
Et le CH Martigues n’est pas le seul en ce sens. Des expérimentations naissent un peu partout. La convention entre assurance maladie et transporteurs sanitaires privés prévoit l’option et ses modalités financières2. Les ARS ont inscrit un programme de développement du transport partagé dans les priorités de gestion du risque établies en 2012. Le développement des transports partagés devraient donc logiquement poursuivre sa route.
2. Le transporteur applique un abattement de 25 % par personne pour deux personnes transportées, et un abattement de 40 % pour un transport de trois personnes.
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