TROIS ÉTUDES, publiées simultanément dans « Nature Genetics », proviennent de généticiens qui se sont intéressés aux gènes de la taille. L'environnement et, en particulier, la nutrition exercent un effet substantiel sur la taille adulte. A cela s'ajoute une variance génétique, qui rend compte de 2 à 3 % des variations interindividuelles. Certains gènes publiés confirment des candidats attendus, d'autres élargissent l'image de la régulation biologique de la taille humaine.
Michael Weedon et coll. (Grande- Bretagne) ont métaanalysé cinq études d'association par criblage du génome entier chez 13 665 individus. Ils identifient 20 variants (polymorphismes sur un seul nucléotide) robustement associés à la taille (entre 0,2 et 0,6) et qui peuvent rendre compte de 3 % des variations dans la population.
Les loci identifiés portent sur des domaines connus (la voie Hedgehog, par exemple, impliquée dans les cartilages de conjugaison, avec IHH, HHIP, PTCH1) ou bien mettent au jour des voies biologiques inattendues : CDK6, une kinase impliquée dans la progression du cycle cellulaire, la matrice extracellulaire (ADAMTSL3 et EFEMP) et le réarrangement de la chromatine (HMGA2 et SCMH1). Ils notent que certains de ces gènes sont connus aussi pour être altérés dans des cancers (HMGA2, CDK6, DLEU7).
Des effets sur le cartilage de conjugaison.
Daniel Goudbjartsson et coll. (Islande) ont scanné le génome de 25 174 Islandais, 2 876 Hollandais, 1 770 Américains caucasiens, 1 148 Afro-Américains et testé une sélection de SNPs chez des Danois. Résultat, ils identifient 27 régions comportant un variant ou plus (dont 26 nouvelles régions), et qui peuvent expliquer 3,7 % de la variation en taille de la population (effet de variance entre 0,3 et 0,6 par allèle). Ces gènes avoisinent des loci impliqués dans le développement du squelette et notamment le cartilage de conjugaison : BMP2, BMP6, EFEMP1, FBLN5 et NOG ; une autre classe de gènes important dans le développement du squelette comportent ceux codant des enzymes des voies des métalloprotéinases (ADAMTS17, 10 et 3). D'autres codent la formation des fibres élastiques (FIBULIN, FIBRILLIN). Ils trouvent des loci de gènes participant à la mitose : HMGA1 (impliqué également dans la formation de la masse grasse), HMGA2, CDK6 et COIL,HMGA1. L'association la plus forte est avec le gène ZBTB38, qui code une protéine réprimant la transcription. Pour ces auteurs, les variations de taille chez les humains sont davantage liées à des effets sur le cartilage de conjugaison que sur une régulation systémique.
Guillaume Lettre et coll. (Etats-Unis) ont réalisé une métaanalyse d'études de criblage du génome entier, comprenant 15 821 individus et 2,2 millions de SNP.
Dix loci nouveaux et deux autres antérieurement publiés sont apparus. Ils rendent compte d'environ 2 % de la variation de la taille. Ils confirment l'effet de gènes candidats (comme Hedgehog HMGA2 et HHIP, GDF5-UQCC) et montrent des voies inattendues, comme les protéines de remodelage de la chromatine, ou GPR126, le gène du récepteur de la protéine G couplée, et un locus qui code un récepteur d'une hormone thyroïdienne.
« Nature Genetics », publication avancée en ligne.
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