Les recherches sur les vaccins HPV prophylactiques, déjà très avancées, laissent entrevoir une immunisation de masse chez les enfants ou les adolescentes, permettant de prévenir les lésions précancéreuses dues aux infections persistantes, et donc le cancer du col. Des vaccins dits thérapeutiques sont également en cours d'évaluation, mais leur développement en est encore aux stades initiaux et il est peu probable qu'ils aient des applications cliniques dans les cinq années à venir.
L'efficacité de plusieurs vaccins HPV, initialement démontrée dans certains modèles animaux, est actuellement évaluée par des essais cliniques de phase II/III. Ces vaccins sont composés de particules virales inoffensives (virus-like particles ou VLP), incapables de provoquer une infection car elles ne contiennent pas le génome viral : il s'agit de protéines L1, composant majeur de la capside virale. Leurs caractéristiques morphologiques et antigéniques sont cependant proches de celles des virions, ce qui permet le développement d'anticorps neutralisants chez les receveurs. Ces anticorps neutralisants bloquent l'infection à HPV in vitro et in vivo.
Une protection des femmes non infectées
Les résultats cliniques sont très intéressants. La réponse immunitaire observée est une stimulation des cellules B et T et le développement de titres élevés d'anticorps. Des données récentes montrent que le vaccin HPV 16 protège totalement les femmes auparavant non infectées contre l'acquisition et la persistance de l'ADN de ce type viral. Les résultats de l'ensemble des essais cliniques indiquent que les anticorps persistent au moins 18 mois après la vaccination. Des données préliminaires suggèrent que la protection est spécifique du type d'HPV visé. Aucun événement indésirable grave n'a été rapporté lors de l'utilisation de ces vaccins dans les essais cliniques.
Avant le premier rapport sexuel
En protégeant contre l'infection à HPV, les vaccins prophylactiques devraient permettre de prévenir le cancer. Les données déjà acquises devront cependant être complétées par des études plus approfondies.
Des essais à plus grande échelle seront nécessaires pour confirmer l'efficacité des vaccins prophylactiques, l'existence ou l'absence de protection croisée des vaccins univalents vis-à-vis des autres HPV à risque et la durée de la protection.
La vaccination doit être pratiquée avant la première relation sexuelle.
L'efficacité de la vaccination chez l'homme doit être évaluée.
La vaccination ne supprimera pas la nécessité du dépistage cytologique.
Les thèmes de recherche sur les vaccins HPV prophylactiques sont nombreux :
- évaluation de la durée de protection ;
- élucidation des mécanismes de protection. S'il est généralement admis que les anticorps neutralisants jouent un rôle primordial, l'hypothèse selon laquelle l'immunité cellulaire interviendrait lors d'une infection transitoire survenant après l'immunisation ne peut être écartée ;
- évaluation clinique de vaccins conférant une protection contre les principaux HPV oncogènes ;
- développement de vaccins utilisant la protéine L2 pour obtenir une protection croisée ;
- essais cliniques chez des adolescentes avant le début des relations sexuelles ;
- développement de techniques de production et de distribution permettant la mise en place de programmes de vaccination dans les pays les moins favorisés.
Les vaccins HPV prophylactiques ont actuellement atteint le stade des essais cliniques à grande échelle. Il est prévisible que les vastes études de phase III d'évaluation de l'efficacité en cours confirmeront et préciseront les données préliminaires déjà publiées. Il convient d'ores et déjà de se préparer à l'implantation de programmes d'immunisation de masse chez les fillettes ou les adolescentes.
Rapporteurs : I. Frazer (Australie), P. Coursaget (France) et J. Schiller(Etats-Unis)
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