«POUR PROTÉGER les nourrissons de la coqueluche, penser à revacciner les jeunes pères! On n'associe pas encore naturellement les jeunes hommes à la vaccination coquelucheuse, mais ça doit le devenir. Comme en atteste le calendrier vaccinal 2008, c'est un enjeu très actuel de médecine préventive», insiste le Pr Philippe Reinert, pédiatre et ancien vice-président du comité technique des vaccinations (CTV). La coqueluche est une infection potentiellement grave chez les nourrissons. En l'absence de protection immunitaire materno-foetale et encore non vaccinés, les nourrissons de moins de 4 mois sont vulnérables à l'infection.
Coqueluche : des cas dramatiques de transmission de parent à enfant.
En recrudescence partout en Europe, la coqueluche touche toutes les tranches d'âge. Les médecins oublient de revacciner les adultes qui ne sont alors plus protégés et peuvent être contaminés. Ainsi, en région parisienne, une étude a montré que près de 20 % des jeunes adultes tousseurs depuis quinze jours seraient atteints de coqueluche. Or, si l'infection à B.pertussis se résume à une toux persistante chez eux, elle peut avoir des conséquences gravissimes chez les nourrissons non immunisés : quintes asphyxiantes, pneumothorax, surinfections pulmonaires, dénutrition, hospitalisation en réanimation, décès… «Il arrive fréquemment que de jeunes parents contaminent leur bébé. On connaît des cas dramatiques de transmission intrafamiliale, de parent à enfant, ayant entraîné la mort des nourrissons», rappelle le pédiatre. Un argument qui devrait emporter l'adhésion des parents les plus réticents à se faire vacciner…
Vacciner les futurs parents et l'entourage.
Le CTV insiste en particulier sur la vaccination des adultes susceptibles de devenir parents dans les mois ou années à venir. Et, à l'occasion d'une grossesse, c'est aussi le moment de vérifier le statut vaccinal de tous les membres du foyer : adulte qui n'a pas reçu de vaccination contre la coqueluche au cours des dix dernières années, enfant qui n'est pas à jour. Le père et les enfants doivent être vaccinés pendant la grossesse, la mère le plus tôt possible après l'accouchement. On pense ainsi à vacciner l'entourage proche, mais, plus largement, il s'agit de vacciner toute personne susceptible d'être en contact régulier avec un nourrisson. Ce peut être le cas, par exemple, de grands-parents qui garderont l'enfant de façon régulière ou occasionnelle.
Il n'existe malheureusement pas de vaccin monovalent pour la coqueluche. Le seul vaccin coquelucheux acellulaire disponible est pentavalent, le DTCaP : diphtérie, tétanos, coqueluche acellulaire, poliomyélite. Pour ce rappel coqueluche, il faut donc tenir compte du statut DTP du sujet. Alors que, classiquement, un intervalle de dix ans était nécessaire entre deux rappels, on peut maintenant raccourcir le délai entre le dernier DTP et le DTCaP à deux ans, sans crainte de réactions inflammatoires.
Dose de rattrapage pour le vaccin rougeole-oreillons-rubéole.
Pour la vaccination rougeole-oreillons-rubéole, une dose de rattrapage est recommandée chez les sujets non vaccinés âgés de 17 à 28 ans. On considère que, de manière générale, les sujets de plus de 28 ans sont immunisés, c'est la raison pour laquelle la vaccination n'est plus remboursée dans cette tranche d'âge. «Dans le doute, ne pas hésiter à revacciner, il n'y a aucun risque à refaire le vaccin, car les récentes épidémies de rougeole en Suisse et en France ont montré que les adultes n'étaient pas épargnés», estime le Pr Reinert.
«Penser également aux vaccinations des voyageurs. Bien sûr, il y a les vaccinations classiques, comme le DTP, et d'autres sont parfois obligatoires, comme la fièvre jaune. Mais attention à ne pas oublier le vaccin contre l'hépatiteA! Cette infection virale est très répandue à travers le monde et la vaccination doit être systématique dans les zones à forte endémie: Afrique, Asie, Amérique centrale, provinces de l'ex-URSS. Avec le paludisme, l'hépatite A est l'un des risques sanitaires majeurs qu'il faut prévenir lors d'un voyage en pays tropical», conclut l'expert en vaccinations.
D'après un entretien avec le Pr Philippe Reinert, ancien vice-président du comité technique des vaccinations, ancien chef de service de pédiatrie à Créteil, expert à l'INFOVAC.
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