Près de 60 % des hôpitaux publics ont été concernés par le mouvement de grève des urgentistes mardi, d'après un sondage réalisé par la DHOS (direction de l'Hospitalisation et de l'Organisation des soins) auprès de 25 centres hospitaliers de diverses régions.
De son côté, l'Association des médecins urgentistes hospitaliers de France (AMUHF) a compté 90 % de grévistes en Ile-de-France (100 % à l'AP-HP [Assistance publique-hôpitaux de Paris]). En région, la mobilisation a été particulièrement forte, d'après le syndicat, en Aquitaine, à Marseille et dans toute la région PACA, en Bretagne - à Vannes et à Lorient, notamment, dans le Limousin et en Languedoc-Roussillon. Dans le Centre, l'AMUHF parle de grève générale, tandis que les urgentistes des Pays de la Loire seraient carrément en grève illimitée.
Le cas de l'Ile-de-France
Le président de l'AMUHF, le Dr Patrick Pelloux, avait reçu de la DHOS lundi un document qui répertorie l'ensemble des propositions faites la semaine dernière par les pouvoirs publics pour sortir les urgences franciliennes de la crise. Certaines avancées y figurent, notamment sur l'organisation de la prise en charge des urgences et l'évolution des statuts précaires. Mais, problème, les moyens ne suivent pas, dénonce l'Association des urgentistes. Le texte précise en effet qu'aucun moyen supplémentaire ne sera accordé à l'Ile-de-France en plus de l'enveloppe prévue pour la mise en œuvre de la réduction du temps de travail (RTT) et de la directive européenne, alors que l'AMUHF réclame une rallonge pour financer 150 postes d'urgentiste avant l'été en Ile-de-France et 500 postes sur trois ans. Un durcissement du mouvement a donc été décidé.
Une assemblée générale est prévue ce soir à 19 heures à l'hôpital Saint-Antoine, à Paris, en présence de la plupart des syndicats de médecins hospitaliers. « L'idée est de leur expliquer qu'on ne s'oppose pas aux autres spécialités et qu'on ne réclame pas tous les postes pour nous, mais qu'on dénonce le manque de moyens pour l'hôpital public en général », dit Patrick Pelloux. Un exemple : « L'AP-HP vient d'annoncer qu'elle n'a aucun budget pour l'intérim ou le paiement des heures supplémentaires du personnel infirmier cet été, c'est inacceptable », poursuit le président de l'AMUHF, qui, ce soir, va proposer à l'ensemble des médecins hospitaliers de s'associer à une grande journée d'action le 2 juin.
Son idée est de « montrer ce qui risque de se passer cet été si on n'assure qu'un service minimum ». Pour cela, l'AMUHF demandera aux médecins à statut précaire de ne pas répondre aux assignations. Une façon de mettre en garde contre des risques de dérives graves. « On peut effectivement imaginer des démarches calquées sur celles de certains enseignants qui n'assurent plus les examens. Des praticiens hospitaliers, exaspérés, pourraient ainsi décider de tout plaquer cet été », dit le Dr Christophe Prudhomme, coordinateur du collectif des médecins des SAMU d'Ile-de-France.
La DHOS a rappelé mardi qu'elle a fait son maximum pour l'Ile-de-France, et que les crédits ne seraient augmentés en aucune manière. Le prochain acte de ce processus se jouera le 27 mai, jour où l'AP-HP et l'ARHIF (agence régionale d'hospitalisation d'Ile-de-France) annonceront la façon dont elles comptent répartir les 300 postes pour la mise en œuvre de la RTT dans l'ensemble des services hospitaliers d'Ile-de-France. Les nominations auront lieu à la fin de juin.
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