DE NOTRE CORRESPONDANTE
LA NOUVELLE Conférence régionale de santé du Nord-Pas-de-Calais a été installée officiellement le 31 janvier. Elle présente peu de changements par rapport à la précédente, si ce n’est qu’elle est constituée de six collèges, au lieu de quatre, et que son président n’est plus nommé par le préfet de région mais élu par les 120 membres. Une élection pour la forme puisque le candidat avait été adoubé auparavant par les différentes institutions participantes. C’est donc sans surprise que Michel Autès, vice-président du conseil régional chargé de la santé, a été élu.
Yves Tomme (président de l’Association des diabétiques de la région), candidat de dernière minute au nom des malades et usagers, a cependant obtenu un tiers des voix. Signe que les usagers du système de soins revendiquent de plus en plus leur place au sein des instances décisionnelles.
Pour les trois années à venir, la conférence souhaite mettre l’accent sur la prévention. «Il y a souvent confusion entre système de santé et système de soins, souligne Michel Autès. Or un bon système de soins ne suffit pas pour que la population soit en bonne santé. Il faut travailler davantage sur la prévention.»
D’énormes besoins.
Il est vrai que le bilan de l’état de santé régional présenté lors de la conférence montre encore d’énormes besoins dans ce domaine. L’espérance de vie reste inférieure de trois points à la moyenne française pour les hommes (72,4 ans) et de deux points pour les femmes (80,8 ans). Surtout, les causes évitables de mortalité chez les moins de 65 ans font apparaître une surmortalité régionale de 142 points chez les hommes et 139 chez les femmes.
Pour la cirrhose alcoolique, celle-ci culmine à 208, et 211 pour les cancers des Vads (voies aérodigestives supérieures). Mauvais indicateur aussi pour les suicides qui atteignent une surmortalité de 130. L’amélioration au cours des vingt dernières années est pourtant significative, puisque la région a gagné 2,5 années d’espérance de vie chez les hommes et 1,8 chez les femmes, mais l’écart avec le reste de la France ne se réduit pas.
Pour certaines pathologies, comme l’hypertension, les cardiopathies et les accidents vasculaires cérébraux, des politiques volontaristes de prévention permettent d’infléchir les taux de surmortalité. La conférence de santé compte jouer sur ces leviers.
Mais cela suppose la participation active des usagers. Or, en matière de cancer, par exemple, le taux de participation au dépistage reste insuffisant : si, dans le Nord, il a rejoint la moyenne nationale (à 40 %), dans le Pas-de-Calais, il reste loin derrière, avec tout juste 27,7 % de participation.
Compte tenu du lourd héritage industriel et environnemental de la région et des effets du vieillissement massif de la population (90 000 patients Alzheimer attendus en 2020) la conférence de santé a du pain sur la planche.
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