Combien de rapports le ministère de la santé a-t-il commandé sur les urgences depuis celui rédigé par le Pr Adolphe Steg il y a trente ans ? En dépit des budgets importants alloués à ces structures d’accueil, à l’émergence d’une nouvelle spécialité médicale, la médecine d’urgence, le problème n’en finit pas de nourrir les controverses. Démissions en séries de chefs de services, burn-out des personnels, agressions de soignants, les services d’urgences occupent une place de choix dans les médias. Il n’est pas sûr que le rapport du Pr Pierre Carli permette d’éteindre le feu. Même s’il souhaite échapper à l’effet d'annonce et proposer des solutions globales. Le rapport pointe par exemple comment le dispositif de bed management n’est qu’une réponse partielle au problème de la disponibilité des lits. Et ne répond pas à la nécessaire optimisation des plateaux techniques et notamment de l’imagerie. Pourtant, certaines propositions concrètes méritent d’être évaluées. On peut citer la mise en place de consultations spécialisées sans rendez-vous. Ou d’hospitalisations à court terme sans passage par les urgences pour les patients adressés par des médecins généralistes. D’autres exerceront leurs effets bénéfiques à plus ou moins long terme comme la création d’une commission de l’admission et des soins non programmés. Elle relève à la fois de la stratégie, mettre au point des plans d’actions en cas de saturation, mais aussi de la pédagogie en mobilisant l’ensemble de la communauté médicale. Elle peut se traduire par la mise en oeuvre du plan « hôpital en tension », décrite comme une variante du plan blanc. Arme lourde, elle entraîne alors la déprogrammation des patients. L’incitation financière est également préconisée pour les pôles qui inscriraient la prise en charge des malades venant des urgences dans leur contrat d’activité. La création de lits polyvalents dans l’établissement est enfin évoquée.
Les urgentistes pas convaincus
Sans surprise, le rapport Carli est loin d’avoir convaincu les principaux destinataires, à savoir les urgentistes. Peut-être parce qu’il concentre les traitements à administrer en priorité sur l’hôpital. Certes, il évoque la nécessité de développer des filières avec les établissements gériatriques et psychiatriques. Mais comment orienter les patients vers ces structures, alors que la fermeture des lits en psychiatrie s’accélère à marche forcée ?
Quant au Dr Patrick Pelloux, il a beau jeu de dénoncer l’absence de nouveaux moyens pour mener à bien ces mutations. Pour autant, le mouvement lancé le 15 octobre dernier laissant à l’administration le soin de chercher les lits d’aval est loin de réfuter toutes les préconisations du rapport Carli ? Ne serait-il pas pour certaines d’entre elles comme un exercice concret, « in vivo » ?
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