LES UNIONS RÉGIONALES des caisses d'assurance-maladie (Urcam) viennent d'élaborer une carte de France des besoins de soins. Leurs travaux ont débouché sur un document touffu de 50 pages, qui peut constituer pour les médecins une aide au choix du lieu d'installation.
Pour réaliser cette étude (1), les auteurs ont retenu l'échelon cantonal, qui permet, selon eux, «de disposer de zones plus peuplées que les communes, notamment en milieu rural, et présente, à l'exception des grandes villes, l'avantage d'une homogénéité en termes de poids de population». Quant aux indicateurs retenus pour l'évaluation des besoins, ils sont trois : l'âge, l'état de santé et la précarité.
L'indice « état de santé », précisent les auteurs, «est obtenu à partir des indices de mortalité et de morbidité. Il constitue la moyenne arithmétique des deux indices». L'indice de précarité est calculé pour sa part à partir des données de la couverture maladie universelle (CMU) et de la CMU complémentaire.
Au top 6 des régions à indice d'âge élevé, on trouve le Limousin, Midi-Pyrénées, Poitou-Charentes, l'Auvergne, la Corse et l'Aquitaine. Autant de régions qui sont soit rurales, soit situées dans le grand-sud de la France. A noter que Paca ne figure pas dans ce top 6, ce qui bat en brèche l'idée très répandue selon laquelle cette région abriterait une forte proportion de retraités. En fait, les personnes âgées y sont nombreuses, expliquent les Urcam, mais leur proportion comparée à l'ensemble de la population régionale est moindre que dans d'autres régions à dominante plus rurale. A l'autre bout du classement, l'Ile-de-France reste la région la plus jeune du pays, notent les auteurs, avec seulement 15,9 % de la population ayant 60 ans et plus.
Pour l'indice de l'état de santé, les résultats sont plus diffus. Les auteurs de l'enquête distinguent tout d'abord «une zone de surmortalité» qui va schématiquement de la Bretagne au Nord - Pas-de-Calais, et des Ardennes au Massif central. Ils précisent que ces régions présentent des particularismes comportementaux, comme l'alimentation ou la consommation d'alcool, des particularismes sociaux comme une forte proportion d'ouvriers, ou des particularismes environnementaux, qui peuvent expliquer, du moins en partie, cette surmortalité. Mais globalement, les six régions françaises où l'état de santé de la population est le plus préoccupant (mortalité + morbidité) sont le Nord - Pas-de-Calais, la Corse, la Picardie, l'Auvergne, l'Ile-de-France et la Haute-Normandie. A contrario, ajoutent les auteurs, «les six régions où l'état de santé apparaît relativement meilleur en pourcentage de population sont les Pays de la Loire, Midi-Pyrénées, Poitou-Charentes, la Franche-Comté, Rhône-Alpes et l'Ile-de-France».
Quant aux six régions à l'indice de précarité le plus élevé, il s'agit du Languedoc-Roussillon, du Nord -Pas-de-Calais, de Provence-Alpes-Côte d'Azur, de la Haute-Normandie, de la Champagne-Ardenne et de la Picardie. Avec une plus forte concentration à proximité du golfe du Lion.
Six régions à forte demande.
Une fois la cartographie de ces trois indicateurs effectuée, il ne restait plus aux auteurs de l'étude qu'à mixer le tout pour cartographier les besoins de soins en France. Selon les résultats de l'enquête, «six régions connaissent un pourcentage important de leur population avec un niveau de besoins de soins élevé à très élevé par rapport à l'ensemble de la France» : la Corse, l'Auvergne, le Limousin, le Nord - Pas-de-Calais, la Bourgogne et le Languedoc-Roussillon. Plus généralement, relèvent les auteurs, 15,2 % de la population française résident dans des cantons à besoins de soins élevés ou très élevés, soit 8,8 millions de personnes. A l'autre bout de l'échiquier sanitaire, six régions ont un pourcentage important de leur population avec un niveau de besoins de soins modéré par rapport à l'ensemble de la France : l'Ile-de-France, les Pays de la Loire, la Haute-Normandie, Rhône-Alpes, Midi-Pyrénées, et Champagne-Ardenne, ce qui représente près de 33 % de l'ensemble de la population française.
(1) L'intégralité du rapport est téléchargeable sur le site portail des Urcam http://www.urcam.fr/portail.0.html.
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